Alexandra Szacka : "Merci pour ce beau moment, monsieur Poutine"
REPLAY - L'éditorialiste salue la décision de François Hollande de suspendre la livraison du premier des deux navires de guerre Mistral commandés par la Russie.
À la veille d'un sommet de l'Otan dominé par la crise ukrainienne, Paris a donc suspendu mercredi 3 septembre la livraison à la Russie du premier des deux navires militaires Mistral, cédant aux critiques de plusieurs alliés, à commencer par les États-Unis. Si cette décision provoque la colère en France, elle est applaudie à l'étranger, note Alexandra Szacka.
"Depuis quelques mois, l'Occident a durci le ton à l'égard de Moscou, mais les sanctions n'ont pas fait reculer le chef du Kremlin d'un iota", décrypte l'éditorialiste. C'est donc le président français qui a pris la décision "la plus audacieuse" de tous les dirigeants de l'Otan et "la plus coûteuse" sur le plan intérieur.
Poutine s'était engagé à ne pas annexer la Crimée
En France, on reproche à François Hollande de décrédibiliser la France en ne respectant pas le contrat. "Et si on regardait la parole du client ? Peut-elle être prise au sérieux ?", interroge Alexandra Szacka. En mars dernier, Poutine s'était engagé à ne pas annexer la Crimée. "C'était chose faite, deux semaines plus tard". Il avait répété qu'il n'y avait pas de soldats russes en Ukraine. "Jusqu'à ce que les cercueils commencent à arriver dans les villes et les villages russes".
"Allons-nous maintenant croire que les Mistral serviront à organiser des croisières pour amuser les marins russes ?", tonne l'éditorialiste. Au moment de la signature du contrat il y a trois ans, l'amiral en chef de la marine militaire russe disait : "Si j'avais eu les Mistral en 2008, nous aurions gagné la guerre en Géorgie en quarante minutes". Alors "merci pour ce beau moment, monsieur Poutine", conclut Alexandra Szacka.
