Marine Le Pen rêvait de constituer un groupe au Parlement européen après le succès de son parti aux élections du 25 mai dernier. Elle n'y est finalement pas parvenue. C'est un revers sérieux et une grosse déception pour elle.
D'abord, ce sont quelques millions d'euros qui passent sous le nez de la présidente du Front national. Ensuite, quand on n'a pas de groupe, on n'a pas de personnel (assistants, interprètes), on n'a pas voix au chapitre sur les rapports de la Commission européenne, on a moins de temps de parole, on est moins exposé.
Ce n'est pas une question d'influence puisque, de toute façon, son impact aurait été limité face aux autres groupes plus importants. Mais cela aurait confirmé sa réussite aux européennes. Cela l'aurait installée comme une des voix du Parlement.
On ne peut pas parler d'un retour à la case départ, mais elle se retrouve comme avant, chez les non-inscrits, comme quand le FN n'avait que trois députés, alors qu'il en a plus de vingt. Ironie de l'histoire : c'est Marine Le Pen qui a le plus gros bataillon de députés européens français devant l'UMP et le PS.
On ne peut pas dire que les planètes soient franchement alignées en ce moment pour elle. Son père n'y est pas étranger. On se souvient de la sortie de Jean- Marie Le Pen il y a quinze jours sur les artistes anti-FN, comme Patrick Bruel ("On en fera une fournée", disait-il). Une grosse tuile pour Marine Le Pen, qui se trouvait en plein pourparlers avec ses possibles alliés à Strasbourg.
Marine Le Pen le tient pour partie responsable de son échec à former son groupe. "Tout ce qui réactive la diabolisation et fait du bruit n'est jamais bon lorsqu'on on est en négociation", dit-elle.
Elle n'est pas près de lui pardonner. Car même si Marine Le Pen n'était pas très favorable à l'idée de s'allier avec les plus sulfureux des eurosceptiques (les partis que l'on dit "néo-nazis"), elle a elle-même été tenue à distance par ceux, anti-européens comme elle, qui jugent que le FN reste un parti d'extrême droite.
Cet échec n'hypothèque pas ses chances pour les prochaines élections. Le socle de Marine Le Pen est français. Ce qui compte à ses yeux, c'est de peser dans le débat franco-français. Et elle l'a prouvé aux dernières élections européennes.
Les Français qui votent FN ne votent pas forcément pour qu'elle aille constituer un groupe à Bruxelles. Ce n'est pas cet échec européen qui va casser sa dynamique.
Ce n'est pas tant un problème électoral qu'un problème politique personnel. Si Marine Le Pen voulait ce groupe, c'était pour être la patronne des anti-européens sur la scène européenne. C'était pour montrer sa puissance, sa crédibilité et pour avoir de la visibilité. Avec un groupe, elle entrait dans les institutions européennes. Cela lui permettait d'afficher une forme de respectabilité.
Elle n'a pas l'intention de baisser les bras. Elle va continuer à batailler pour former un groupe. Elle en a la possibilité. Mais on retiendra de cet épisode que l'Europe, que Marine Le Pen voulait détruire, lui a à la fois donné sa plus belle victoire, et en même temps, lui a renvoyé l'image d'un parti pas tout a fait encore "normalisé".
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