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Alexandre Benalla le 16 juillet 2018
Crédit : Thomas SAMSON / AFP
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Audition de Gérard Collomb, interruption de séances à l'Assemblée nationale, silence d'Emmanuel Macron... Depuis qu'Alexandre Benalla, cet ex-chargé de mission à l'Élysée a été mis en examen, la polémique prend une tournure politique.
Le 19 juillet, le journal Le Monde révèle une vidéo dans laquelle on peut apercevoir un homme muni d'un casque frapper un manifestant. Nos confrères affirment alors avoir reconnu Alexandre Benalla, collaborateur d'Emmanuel Macron.
Après plusieurs jours agités à l'Assemblée, majorité et opposition se mettent d'accord pour doter la commission des Lois des pouvoirs d'enquête sur cette affaire
Lundi 23 juillet au micro de RTL, Guillaume Larrivé, co-rapporteur de la commission d'enquête parlementaire, a énuméré les nombreuses questions que pose cette affaire : "Pourquoi a-t-il fallu attendre 11 semaines, près de 3 mois, pour que la justice soit saisie ? Qui a recruté ces individus, M. Benalla et M. Crase ? Qui les a introduits au cœur de l'Etat ? Qui savait quoi ? Quels sont leurs commanditaires ? Est-ce qu'il y a une organisation souterraine, une sorte de milice parallèle à la police et à la gendarmerie ?" a-t-il questionné à notre antenne.
Alexandre Benalla vient de la Cité de la Madeleine (Evreux). Après un master 1 en droit, spécialité sécurité publique, il suit très tôt un cursus armé et devient sergent réserviste de gendarmerie.
Il intègre ensuite une entreprise de sécurité des hautes personnalités pour s'initier au maintien de l'ordre, qui était "sa passion" selon Eric Plumer, son ancien formateur. Après avoir travaillé auprès de Martine Aubry, Arnaud Montebourg et même François Hollande, il abandonne tout lorsqu'Emmanuel Macron se porte candidat à la présidence, pour entrer dans son service de sécurité lors de la campagne.
Devenu un proche collaborateur d'Emmanuel Macron, ce dernier lui créé un poste "sur-mesure" de chargé de mission, qui lui permet de passer les portes de l'Élysée. Il obtient ainsi le rôle clé d'organiser toute la sécurité autour des déplacements du Président. Au cœur du métier, il doit en effet être au courant de toutes les subtilités des déplacements (lieux des barrages, arrivée des manifestants, ultimes vérifications de sécurités, lieux de planque des tireurs d'élite...).
Aujourd'hui, Alexandre Benalla a 26 ans, est marié et père d'un enfant. Qualifié de "self-made man", il est connu pour être pointilleux, volontaire et exemplaire, et possède "une qualité humaine en décalage avec l'actualité", selon Eric Plumer. Brillant et travailleur, Alexandre Benalla était l'exemple même de méritocratie, à tel point que personne n'explique sa réaction lors de la manifestation du 1er mai.
Lors des manifestations du 1er Mai, Alexandre Benalla avait intégré les rangs de la police en qualité d'observateur. Mais, sur une vidéo diffusée après la manifestation, il est reconnu en train d'agresser et de malmener les manifestants, muni d'un casque et d'un brassard estampillé "police", ce qui est illégal pour les observateurs.
Ses dérapages connus de ses supérieurs hiérarchiques, il a été démis de ses fonctions d'organisation de la sécurité lors des déplacements du Président, et mis à pied pendant 15 jours par le directeur de cabinet d'Emmanuel Macron, Patrick Strzoda. Malgré ces directives, il est apparu à l'intérieur du bus à impériale des Bleus lors de leur traversée des Champs-Élysées le 16 juillet.
Alexandre Benalla est aujourd'hui mis en examen pour "violences en réunion", "immixtion dans l'exercice d'une fonction publique", "port public et sans droit d'insignes réglementés", "recel de détournement d'images issues de la vidéo protection" et "recel de violation du secret professionnel". Hormis son licenciement, il risque également jusqu'à 3 ans de prison et 45.000 euros d'amende.
Vincent Crase, gendarme de service employé par LREM, est également mis en examen pour "violences en réunion", "immixtion dans l'exercice d'une fonction publique" et "port prohibé d'arme de catégorie B". Enfin, trois autres policiers, suspendus pour avoir transmis des images de vidéo-surveillance à Alexandre Benalla, sont désormais mis en examen pour "détournement d'images issues d'un système de vidéo-protection" et "violation du secret professionnel".
L'affaire, d'ordre pénal et sous la responsabilité de l'autorité judiciaire, a aussi pris un tournant politique, pour deux raisons : d'une part, parce que l'affaire n'a pas été portée devant la justice et aurait été étouffée si Le Monde n'avait pas reconnu Alexandre Benalla sur les vidéos incriminantes.
Invité de RTL lundi 23 juillet, Guillaume Larrivé, membre de la commission d'enquête, souhaite auditionner toute la "chaîne hiérarchique" de la place Beauvau et de l'Élysée.
Le président, soumis à l'immunité présidentielle, ne peut pas être interrogée par la commission d'enquête parlementaire et ne risque donc pas grand chose pour l'instant. Les Français sont néanmoins en droit d'attendre une explication du chef de l'État, d'autant plus que l'affaire concerne un de ses proches collaborateurs.
Lors d'une réunion secrète organisée par le Président, dimanche 22 juillet, ce dernier a demandé au secrétaire général de l'Élysée, Alexis Kohler, de procéder à "une réorganisation pour éviter que ce genre de dysfonctionnement se reproduise".
Gérard Collomb, également sous le coup de l'immunité parlementaire, a en revanche, été entendu ce lundi 23 juillet, par la commission d'enquête. Il se défend de tout manquement personnel dans la gestion de cette affaire et condamne les actes d'Alexandre Benalla. Selon lui, la responsabilité n'incombe pas au ministère de l'Intérieur. Le principal risque pour lui aujourd'hui est d'être éjecté du gouvernement sur la demande du président de la République.
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