Culminant à 5.897 mètres d'altitude, le volcan Cotopaxi, situé à 45 km au sud de la capitale équatorienne de Quito, est secoué depuis vendredi par des nombreuses explosions. Le réveil après 73 ans de sommeil de ce volcan, considéré comme l'un des plus dangereux au monde, a suscité une réaction pour le moins surprenante de la part du gouvernement : la censure de toute information concernant l'éruption. L'objectif selon lui : éviter tout mouvement de panique.
"Afin de garantir la sécurité des citoyens, la censure préalable est décrétée concernant l'information sur le processus éruptif du volcan Cotopaxi émise par les médias de communication", énonce le décret instaurant l'état d'exception qui sera en vigueur pour 60 jours maximum. Durant cette période, les Équatoriens "ne pourront s'informer que par les bulletins officiels émis sur le sujet par le ministère coordinateur de la sécurité, avec l'interdiction de diffusion de toute information non autorisée par un média de communication, qu'il soit public ou privé, ou via les réseaux sociaux". "Dans ces cas-là, l'information est très importante", a déclaré le président équatorien Rafael Correa, mettant en garde contre le risque "de créer des rumeurs, que n'importe qui lance sur Twitter une énormité qui provoque la panique".
La mesure a crispé les médias équatoriens, déjà régulièrement critiqués par le président socialiste pour leurs liens supposés avec l'opposition. "Le président argue que c'est pour éviter la panique avec des informations alarmistes. On part du principe que les journalistes et les citoyens sont alarmistes, il y a ce préjugé implicite", critique Diego Cornejo, directeur de l'Association équatorienne d'éditeurs de journaux (Aedep). Pour le journaliste, cette censure est "disproportionnée, inopportune, car elle arrive justement dans un moment de mobilisation sociale".
Cette mesure coïncide en effet avec les protestations menées par l'opposition et des groupes indigènes. Jeudi dernier, une grande journée d'action contre le gouvernement, au
cours de laquelle des milliers de personnes ont aussi défilé en faveur
du président, s'est soldée par 67 policiers blessés et 47 manifestants
arrêtés, au terme de violents affrontements avec les forces de l'ordre. Ce mouvement, qui a bloqué de nombreuses routes du pays, visait à
dénoncer la méthode de gouvernement de Correa, que ses opposants
qualifient d'autoritaire, alors que président veut modifier la
Constitution pour briguer un quatrième mandat.
César Ricaurte, directeur de l'ONG Fundamedios, dénonce lui le flou autour de la censure. "Nous ne savons pas en réalité si le décret se réfère à l'ensemble des réseaux sociaux ou seulement les comptes des médias de communication", explique-t-il, et "l'ambiguïté du décret laisse (au gouvernement) un énorme pouvoir, y compris pour dire que les citoyens ne peuvent pas se prononcer".
Le ministre de la Communication Fernando Alvarado a assuré que les médias pourraient réaliser leur travail en couvrant l'éruption. Mais ils devront le faire avec "énormément de responsabilité et d'attention pour que leurs histoires, leurs reportages, leurs photographies ne s'écartent en aucun cas du message officiel clair sur la dangerosité, la prévention, la tranquillité de la population".
Pour l'avocat Romel Jurado, qui avait participé en 2013 à la rédaction d'une loi de communication renforçant le contrôle de l’État sur la presse, il est important de réguler l'information durant une catastrophe naturelle. "Contrôler les réseaux sociaux est extrêmement complexe, mais la mise en garde se fait précisément pour ne pas stimuler un mauvais usage des réseaux sociaux en relation" avec le volcan, souligne-t-il, car "une information mal diffusée, inexacte, fausse ou intentionnellement erronée pourrait conduire à la perte de vies ou de biens".
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