Turquie : un policier condamné à près de 8 ans de prison pour avoir abattu un manifestant

Le verdict, estimé trop clément, a été accueilli par des jets de bouteille en plein tribunal. Un policier turc a été reconnu coupable et condamné à 7 ans et 9 mois par une cour criminelle d'Ankara a condamné mercredi 3 septembre. Il était accusé d'avoir abattu d'une balle dans la tête un manifestant lors de la fronde antigouvernementale qui a agité la Turquie en juin 2013.

Le verdict de ce procès emblématique de la répression exercée par le gouvernement islamo-conservateur d'Ankara a été accueilli par des jets de bouteille du public présent dans la salle d'audience, qui l'a dénoncé en scandant "Etat assassin".

Le tribunal a reconnu des circonstances atténuantes au policier

Dans son jugement, la cour a reconnu à l'accusé, Ahmet Sahbaz, un fonctionnaire de police âgé de 28 ans, des circonstances atténuantes, estimant notamment qu'il avait été victime de "provocations" de la part des manifestants.

Ahmet Sahbaz avait abattu d'une balle tirée en pleine tête un ouvrier communiste de 26 ans, Ethem Sarisuluk, lors d'une manifestation hostile au gouvernement du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, aujourd'hui président, le 1er juin à Ankara. La victime était décédée après deux semaines de coma.

Emblématique de la répression violente des manifestations

Le procureur avait requis une peine de 33 ans de prison contre le policier. Il avait également demandé et obtenu, lors d'une audience en juillet, sa mise en détention provisoire, alors qu'il comparaissait libre depuis le début de son procès il y a un an.

La violence de la répression exercée par la police turque contre les manifestants de juin 2013 a été sévèrement condamnée, aussi bien en Turquie qu'à l'étranger.

Quatre autres policiers poursuivis dans une autre affaire de meurtre

Amnesty International avait ainsi déploré des "violations des droits humains à très grande échelle" et la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH) regretté que "les autorités turques n'aient aucune volonté de poursuivre les auteurs de ces violations".

Quatre policiers sont poursuivis pour meurtre dans un autre procès, à Kayseri, accusés d'avoir battu à mort un manifestant à Eskisehir (nord-ouest).