La guerre est loin d'être finie en Syrie. Si Emmanuel Macron croit que "l'organisation Daesh au Levant est presque totalement défaite", comme il l'a déclaré lors de ses vœux aux armées, différentes factions ennemies continuent de s'affronter sur place. Samedi 20 janvier, l'armée turque a pris place dans les combats.
L'aviation turque a frappé sur l'enclave d'Afrine, dans le nord du pays, et tué onze civils, dont cinq enfants, selon l'OSDH (l'Observatoire syrien des droits de l'Homme). Une opération baptisée "Rameau d'olivier" contre des positions des Unités de protection du peuple (YPG), une milice kurde considérée comme "terroriste" par Ankara. Cette enclave se situe à quelques kilomètres de la frontière turco-syrienne.
En Turquie, des protestations sur les réseaux sociaux contre cette opération ont éclaté. Et selon les médias locaux, elles ont été suivies d'arrestations d'une quarantaine de personnes, dans la nuit du dimanche 21 au lundi 22 janvier.
Dans la journée, les Kurdes ont condamné l'offensive en la qualifiant de "soutien clair" à Daesh et demandant le soutien de Washington.
Et l'offensive se poursuit, malgré l'appel de Florence Parly à cesser ses opérations. D'après l'agence de presse étatique Anadolu, l'armée turque a détruit dans la nuit du dimanche 21 au lundi 22 janvier deux positions des YPG depuis lesquelles des roquettes avaient été tirées sur la ville turque de Reyhanli, faisant un mort et quarante-six blessés. Après l'offensive aérienne, des troupes au sol sont donc entrées sur le territoire syrien.
Ankara accuse les YPG d'être la branche en Syrie du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation classée "terroriste" par la Turquie et ses alliés occidentaux, notamment les États-Unis et l'Union européenne, et qui mène une sanglante guérilla sur le sol turc depuis 1984.
Ankara voit donc cette milice comme une menace à sa sécurité nationale et lui impute plusieurs tirs de roquettes contre des villes frontalières turques depuis un an. Le président Recep Tayyip Erdogan avait plusieurs fois menacé de lancer une opération contre Afrine, estimant que les YPG représentaient une menace pour la sécurité nationale de la Turquie.
Selon Ariane Bonzon, journaliste spécialiste de la Turquie, le pays d'Erdogan "veut empêcher la constitution d’une entité kurde en continu le long de sa frontière". L'offensive dans le nord de la Syrie vise alors à "libérer la zone en éliminant l'administration liée au PKK-YPG", a affirmé un haut responsable turc ayant requis l'anonymat.
Mais les YPG sont aussi l'épine dorsale des Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance de combattants kurdes et arabes soutenue par la coalition, menée par les États-Unis dans leur lutte contre le groupe État islamique. Les Kurdes ont réussi à libérer plusieurs villes, lors de combats à Kobané ou à Raqqa, de l'emprise du groupe terroriste. Le soutien croissant de Washington aux YPG, notamment en armes, a provoqué "une profonde préoccupation" en Turquie, souligne Abdullah Agar, un analyste militaire turc.
La ministre des Armées Florence Parly a donc appelé dimanche 21 janvier la Turquie à cesser ses opérations contre les Kurdes syriens, estimant que cela ne pouvait que nuire à la lutte contre le groupe État islamique (EI). "Ce sont les forces kurdes syriennes dont il s'agit, ne l'oublions pas, et il me semble que la préoccupation du président (turc Recep Tayyip) Erdogan ce sont les forces kurdes turques", a-t-elle ajouté. Bien que les deux groupes soient liés.
Jean-Yves Le Drian a également appelé à la tenue d'une réunion d'urgence des Nations unies à propos de la situation turco-kurde en Syrie, mais aussi à propos des bombardements du régime syrien sur la banlieue est de la Ghouta, à l'est de Damas.
Bachar al-Assad condamne également l'offensive turque - pourtant décidée avec ses alliés russes et iraniens selon le porte-parole du président turc - affirmant qu'Ankara soutenait ainsi des groupes extrémistes.
Slate.fr, dans un article consacré aux Français partis combattre Daesh sous le drapeau kurde en zone irako-syrienne, rappelle que la Turquie, "avant d’être prise comme cible par l’Organisation de l’État islamique (...) a laissé prospérer et circuler sur son territoire les djihadistes de Daesh, à une échelle sans commune mesure."
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