Melania Trump est un oiseau rare. Son physique de mannequin attire les regards, son accent slovène offre une mélodie inattendue et ses discours en public se comptent sur les doigts d'une main. Mais ce 3 novembre, dans la petite commune de Berwyn, en Pennsylvanie, à deux pas de Philadelphie, Melania Trump est apparue. Son dernier discours en public n'avait pas soulevé les foules. Pire encore, il avait été quelque peu occulté par le travail de "fact-checking" de nos confrères américains qui avaient descellé dans le discours de l'épouse du candidat républicain à la Maison Blanche des passages entiers empruntés à une certaine... Michelle Obama. Le responsable du discours s'est excusé. La polémique a désenflée. Et Melania Trump devait revenir sur une scène pour soutenir son époux Donald par un discours. La figure est obligatoire.
Melania Trump n'est pas à l'aise face au public. Timidité, désintérêt pour l'exercice, difficulté avec la langue anglaise, seuls ses plus proches connaissent les raisons intimes de cette quasi-inexistence médiatique en pleine campagne. Mais alors que Donald Trump donne des sueurs froides aux démocrates en resserrant l'écart avec Hillary Clinton dans les sondages, il faut conquérir les électeurs indécis qui peuvent un peu l'être. Il y a le choix de la zone géographique qui importe et surtout le choix d'une démographie, d'une catégorie de la population. Hillary Clinton a fait un meeting commun avec Barack Obama et Bernie Sanders, populaires chez les minorités et les jeunes dont la participation au scrutin est fondamentale pour sa victoire. Donald Trump doit, lui, séduire l'électorat féminin très défiant après des révélations sur ses frasques et ses déclarations sexistes. Quelques jours avant le scrutin ce sont donc les deux épouses du "ticket" Trump-Pence qui ont été envoyé au front. Des femmes pour parler aux femmes. Simpliste mais efficace.
Il n'y avait pas foule dans la salle de Berwyn. Quelques centaines de supporters de Trump, beaucoup de femmes et des familles. Peu importe. Un bon tiers de la salle était rempli d'électeurs presque tous acquis à la cause républicaine. Ils offraient à la meute des journalistes présents un cadre parfait pour propager la bonne parole de Melania Trump. Elle n'était pas là pour convaincre la salle mais bien les millions de paires d'yeux qui l'observaient derrière les écrans de télévision. Si Melania Trump ne s'est pas risquée à évoquer des sujets polémiques, politiques ou techniques elle a livré un discours calme et mécanique qui a le mérite de contre-balancer l'image flamboyante de son mari. Son discours était dans le plus grand style du story-telling à l'américaine.
Melania est revenu sur son rôle de mère au foyer, une façon de séduire les fameuses "housewives" des banlieues tranquilles. Elle a raconté sa jeunesse dans une Slovénie communiste afin d'éveiller le patriotisme et l'esprit de liberté américain. Elle est revenu sur son passé de mannequin. Par des déclarations comme : "A chaque fois que mon mari voit une entreprise qui ferme en Ohio en Caroline du Nord ou ici en Pennsylvanie, je vois qu'il est touché et il me parle de comment il pourrait améliorer les choses", Melania Trump amplifie le mythe du businessman qui sait comment sauver les emplois américains. Mais aucune mesure n'est évoquée précisément. Autre élément biographique qui a particulièrement plu à son auditoire lors de ce meeting : son immigration légale. "Je suis passé par des visas, une green card avant de finalement devenir américaine". Un parcours du combattant qui a su toucher des spectateurs favorables à une politique très rude envers l'immigration illégale.
Hillary Clinton avait décidé d'agir politiquement comme première dame, elle concevait son rôle comme celui d'une conseillère pour son mari Bill Clinton. Melania Trump n'entend pas entrer en politique, de près ou de loin. Elle parle de "l'honneur" que représenterait ce poste pour elle en cas de victoire de Donald Trump. Elle a néanmoins définit quelques pistes et thèmes sur lesquelles elle aimerait travailler et jouer de son influence et de son image. "Je veux être l'avocate de la cause des femmes et des enfants", a-t-elle déclaré. Une posture très classique et presque cliché pour une première dame. Un point a été particulièrement développé dans son "programme de First Lady" : le cyber-harcèlement. "La technologie a changé notre univers, a-t-elle clamé. Nous les adultes nous pouvons supporter les mots durs. Les enfants et les adolescents sont fragiles. Ils peuvent être harcelés, moqués à propos sur leur physique ou leur intelligence (...) C'est inacceptable".
Ses derniers mots ont été pour les femmes et notamment celles qui sont touchées par la pauvreté. Sa solution, et celle de son mari : libérer les opportunités pour les femmes. Nous n'aurons pas plus de précisions. "Nous devons nous traiter les uns les autres avec respect et gentillesse, même quand nous ne sommes pas d'accord", a-t-elle conclu, rompant habilement avec le champ lexical des emportements et des provocations décomplexées de son mari. Pas sûr que ces 15 minutes de discours policé sur les femmes, l'altruisme et contre le harcèlement fera oublier les déclarations sexistes, les attaques ad hominem et les tweets particulièrement rudes de son mari.
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