Une avancée "historique" en Irlande. Les électeurs ont largement approuvé la légalisation du mariage gay, à l'issue du référendum organisé vendredi, selon des résultats publiés ce samedi 23 mai par la chaîne nationale RTE, portant sur une majorité des circonscriptions.
Le "oui" l'emporte avec 62,3% des voix, après dépouillement des votes dans 40 circonscriptions sur 43. La réforme constitutionnelle approuvée par les Irlandais autorise "le mariage entre deux personnes, sans distinction de sexe".
L'Irlande devient ainsi le 19e pays, le 14e en Europe, à légaliser le mariage gay. Il est par contre le seul pays à l'avoir fait par référendum, les autres ayant opté pour la voie parlementaire.
Ce résultat constitue un désaveu pour l'Église catholique, qui avait mené activement campagne pour le non, et traduit l'érosion de son influence sur la société irlandaise.
"C'est historique, nous sommes le premier pays au monde à voter pour l'égalité dans le mariage dans le cadre d'un référendum", souligne le ministre de la Santé Leo Varadkar, qui a récemment révélé son homosexualité. Pour lui, ce scrutin constitue "une révolution culturelle" dans un pays longtemps conservateur, où l'homosexualité n'a été dépénalisée qu'en 1993.
Le secrétaire d'Etat pour l'Égalité Aodhan O Riordain n'a pas hésité à exulter sur les réseaux sociaux, dans une série de tweets particulièrement enthousiastes : "L'Irlande n'a pas juste dit oui. Les Irlandais ont dit FUCK YEAH". Ou encore : "Je suis tellement fier d'être Irlandais aujourd'hui".
Avant même la publication des résultats, un des principaux responsables de la campagne du "non", David Quinn, directeur de l'Institut catholique Iona a concédé la défaite de son camp. "C'est une claire victoire pour le camp du oui", a-t-il déclaré à la télévision RTE. "C'est objectivement une victoire impressionnante pour le oui", salue David Quinn, qui adresse ses "félicitations" aux partisans du mariage homosexuel.
Dans les rues de Dublin, des Irlandais, hommes et femmes de tous âges, exultent. "C'est une victoire immense pour l'égalité en Irlande, qui fera date dans l'histoire du pays", s'est réjoui Noel Sutton, 54 ans. "C'est un message incroyable adressé au monde entier. Cela signifie que les temps ont changé", a salué Issa Olwengo, 26 ans.
L'Irlande a changé.
Karen Brady, citoyenne irlandaise
Dans la capitale irlandaise, le domaine du Château de Dublin, exceptionnellement ouvert au public, est envahi, samedi après-midi, par les pro-mariage gay, qui brandissent des drapeaux arc-en-ciel. "L'Irlande a changé. Il y encore quelques années, elle n'aurait jamais accepté" une telle réforme, s'est émue Karen Brady, une Irlandaise de 27 ans venue spécialement du Canada pour voter.
Vendredi, plus de 3,2 millions d'Irlandais étaient appelés à se prononcer sur une modification de la Constitution proposant d'autoriser "le mariage entre deux personnes, sans distinction de sexe". Ce référendum historique a donné lieu à des débats passionnés, reflétant les interrogations de la société irlandaise face au conservatisme de l'Église catholique.
"La démocratie a gagné, quel que soit le résultat", estime samedi le journal irlandais Independent, notant que "la manière dont sont perçus les homosexuels dans ce pays s'est améliorée". Comme un symbole, des pancartes "Égalité pour tous" ont été accrochées vendredi à Dublin, près de l'ancienne maison d'Oscar Wilde, auteur dont l'homosexualité lui valut d'être emprisonné en Grande-Bretagne au XIXe siècle.
Le "oui" avait été défendu par tous les principaux partis politiques irlandais, y compris le Fine Gael, pourtant plutôt conservateur, du Premier ministre Enda Kenny.
Le camp du "oui" a aussi reçu le soutien de personnalités du sport et du spectacle, comme la chanteuse Sinéad O'Connor. Le groupe irlandais U2 avait appelé sur Instagram à voter en faveur du mariage gay avec le message : "In the name of love... #vote yes", citant un de ses refrains les plus célèbres.
L'influence de l'Église, autrefois si puissante, n'a cessé de décliner ces dernières années, érodée par les bouleversements économiques et sociaux, même si l'avortement reste interdit en Irlande, sauf lorsque la vie de la mère est en danger. L'institution religieuse paie aussi le prix des affaires de pédophilie impliquant des prêtres, parfois couvertes par des responsables ecclésiastiques. L'Irlande, pays de 4,6 millions d'habitants, avait voté en 1995 pour légaliser le divorce, malgré, là aussi, l'opposition de l'Église.
Selon Colm O'Gorman, un responsable d'Amnesty International, la victoire du "oui" enverra "un extraordinaire message d'espoir à la communauté LGBT (lesbienne, gay, bi et trans) victime de persécution à travers le monde".
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