Le prix Nobel de la Paix ne constate pas un succès, mais conforte un mouvement

On refait le monde avec : 

- Annie Lemoine, journaliste
- Éric Revel, l'ancien patron de LCI
- Jean-Luc Mano, conseiller en communication

Angela Merkel n'a finalement pas reçu le prix Nobel de la Paix. Remis ce vendredi 9 octobre, le prix a déjoué une fois de plus tous les pronostics. Il a été attribué au quartette d'organisations conduisant le dialogue national en Tunisie "pour sa contribution décisive à la construction d'une démocratie pluraliste à la suite de la Révolution de jasmin de 2011". Le syndicat historique en Tunisie, l'UGTT, l'Utica (le patronat), la Ligue tunisienne des droits de l'Homme et l'Ordre des avocats ont été considérés comme les quatre remparts contre l'islamisme galopant. 

Voilà des gens qui se sont battus, qui sont des vrais jardiniers qui ont senti le jasmin fragile et qui l'ont protégé jusqu'à ce que le goût de la liberté s'enracine chez ses Tunisiens

Annie Lemoine

Un bon choix pour l'ensemble des éditorialistes, Annie Lemoine en tête. La journaliste salue ce quartette qui a fait "accoucher cette société d'une constitution, a montré que la démocratie existe et montré, en passant, aux autres pays arabes qu'il existe autre chose qu'une dictature ou semi-dictature". Elle souligne par ailleurs qu'en cette année de drame pour la Tunisie, affectée par les attentats du Bardo et de Sousse, c'est un beau message de soutien.
 
Un bon choix également pour Éric Revel qui ne veut pas "bouder son plaisir" de voir le principal syndicat de salariés monter un dialogue national avec la principale organisation patronale. En France, on rêverait d'un tel accord s'exclame-t-il. Néanmoins, il pointe le vrai rôle de l'UGTT, "qui est plus une force politique qu'un syndicat, et qui a servi tous les pouvoirs en place, même Ben Ali".  Les salariés se sentent abandonnés par l'UGTT car elle sert un dialogue social entre les classes sociales moyennes et les élites et délaisse les ouvriers.

Quant à Jean-Luc Mano, il trouve très réconfortant de voir "qu'en réalité le prix Nobel ne vient pas constater un succès mais vient conforter un mouvement". Par ailleurs, cela met en lumière "le seul Printemps arabe qui n'a pas sombré dans un automne dicatorial ou un hiver islamiste même si c'est loin d'être gagné."