Alain Duhamel : "La Turquie était en position de force"

Le Conseil européen et la Turquie sont arrivés à un accord sur le traitement des migrants en provenance du Moyen-Orient. C'est un premier pas important puisqu'il y avait urgence compte-tenu de la pression du flux migratoire. C'est aussi un premier pas méritoire car la Turquie était en position de force. 

Les Turcs acceptent l'intégration des 2 millions de Syriens qui sont sur leur territoire. En même temps, la Turquie accepte de se montrer plus stricte sur sa frontière avec la Grèce et même en théorie de recevoir des migrants en situation irrégulière que leur enverraient les États européens. La Turquie obtiendra en échange 3 milliards d'euros, un peu de flexibilité sur les visas turcs dans Schengen et peut-être la reprise des négociations en ce qui concerne l'adhésion de la Turquie à l'UE. Finalement l'accord est équilibré. Si Schengen n'existait pas, la Turquie aurait pu négocier indépendamment avec chacun des pays de l'Union et faire ce qu'elle voulait. 

François Hollande mène une politique restrictive en matière d'intégration

Alain Duhamel

François Hollande affirme qu'il n'y a pas d'invasion migratoire en France et il a raison. En Allemagne, cette année, il y aura 800.000 à un million d'immigrés de plus que l'an passé et en France, nous devrions avoir un dixième de ce chiffre. Mais ça ne changera rien car les Français voient des scènes épouvantables à la télévision tous les soirs de migrants qui tentent de rallier l'Europe. Ils voient des problèmes d'intégration ou des polémiques sur tel ou tel pays. Par la force des choses, ils transposent ça en France. 

La vérité est que François Hollande mène une politique restrictive en matière d'intégration mais il ne peut pas le dire. Ce qui est frappant c'est que François Hollande a laissé pendant longtemps la gauche et les Républicains répliquer à Marine Le Pen mais maintenant, il le fait lui-même. Il l'a fait à Strasbourg en parlant des réfugiés et là il le fait en parlant de l'immigration. Ça rassemble un peu la gauche qui en a besoin et ça divise la droite qui elle n'en a pas besoin. C'est ce qui s'appelle faire de la politique.