Alain Duhamel : en Turquie, "Erdogan est en voie de Poutinisation"

Le président truc Racep Tayyip Erdogan a obtenu une écrasante victoire dans les élections législatives qui se sont tenues en Turquie dimanche 1er novembre. Les chefs d'État occidentaux doivent désormais composer avec un dirigeant toujours décrié par les dérives autoritaires de son régime, mais renforcé politiquement. "Les sondages annonçaient la défaite, les urnes lui ont donné la victoire", constate Alain Duhamel, analysant qu'Erdogan "a gagné doublement, à l'issue de la deuxième tentative". Le président avait en effet perdu de premières élections en juin avant de rappeler les électeurs aux urnes 5 mois plus tard. "Ça a marché, et dans des proportions inattendues".

La campagne a été suffisamment manipulée pour que les urnes soient dociles

Alain Duhamel

Pour l'éditorialiste, "Il n'y a aucun mystère" quant aux recettes de son succès électoral. La méthode employée par le président est "parfaitement cynique, cohérente, méticuleuse et extrêmement efficace : donner à tout le monde une frousse épouvantable". "Il a choisi la terreur, ou en tout cas la violence, et la peur".
 
La campagne a été suffisamment manipulée pour que les urnes soient dociles" analyse Alain Duhamel. Face à sa volonté "d'hyperprésidentialisation" du régime, Erdogan rencontre l'obstacle "théorique" de la constitution, qui "exige une majorité dont il ne dispose pas". Ces barrières pourraient ne pas l'empêcher de céder à "la "tentation du despotisme" après la "tentation de l'autoritarisme", faisant qu'il est "parfaitement imaginable que la violence impose une solution". A l'issue de sa victoire, "Erdogan est en voie de Poutinisation" estime t-il.

Concernant la question des migrants : "ce qui vient de se passer est très mauvais pour les Turcs mais plutôt bon pour les Européens". Les États membres ont besoin d'un interlocuteur fort, brutal de préférence, stable et disposant de pouvoirs sur la durée. "Plus Erdogan s'éloigne des valeurs européennes, plus les gouvernements européens seront obligés de bien le traiter" conclut-il.