Vous avez aimé le débat sur le Tafta, le traité transatlantique ? Et son petit cousin le Ceta, bloqué par les Wallons ? Vous devriez bientôt entendre parler de l’article 15 du protocole d’accession de la Chine à l'OMC. Ça ne finit par un "A", ça n’est pas un acronyme, mais il y a de bonnes chances que le débat autour de cet article 15 fasse l’actualité dans quinze jours. Car cet article va faire sauter un verrou pour les Chinois et leur permettre de faire déferler encore plus de produits, encore moins chers, en Europe.
C'est une vielle histoire de quinze ans qui nous explose à la figure aujourd'hui. Il faut remonter en décembre 2001. Evènement historique : la Chine entre dans l'Organisation mondiale du commerce. Pékin signe un protocole. Dans le petit "d" de l’article 15, il est écrit que la Chine accédera au "statut d’économie de marché" d’ici quinze ans. Pas automatiquement. Le texte est volontairement flou, et les Européens se disent : "On verra bien d’ici quinze ans".
11 décembre 2001 - 11 décembre 2016 : nous y voilà. Et devinez quoi ? Comme des mauvaises élèves qui révisent au dernier moment, ce n’est que depuis l’année dernière que Bruxelles s’est inquiétée. La France, elle, n’ayant quasiment pas anticipé le problème.
La Chine, une économie de marché ? Cet objectif comme question, ça ne devrait pas faire débat normalement. Sur le papier, la Chine - notamment parce que l'État subventionne largement l'économie - n’est clairement pas une économie capitaliste. Sauf que la question, en réalité, n’est pas économique : elle est politique.
Le problème ce n'est pas la Chine, c'est notre Europe
Stéphanie Balme, sinologue au Ceri
Devant les risques de pertes de centaines de milliers d’emplois en Europe - c’est impossible à chiffrer, dans l’acier notamment -, le Parlement européen a voté contre l’application de ce chapitre 15.
Mais la Chine a clairement fait comprendre que si l’Europe s’amusait à de ne pas respecter le protocole, elle engagerait des procédures juridiques si lourdes que les pays européens seraient finalement écrasés par les amendes.
Pour éviter le clash, il y a donc des négociations sur les augmentations de droit de douanes secteur par secteur. Notamment celui de l’acier, qui pourrait jouer sa survie s’il n’est pas protégé. "Il n’y a pas d’autre solution que de négocier avec Pékin, mais unis, au niveau européen et sans rentrer dans l’anathème contre 'l'envahisseur chinois'", plaide la sinologue du Centre de recherches internationales (Ceri) Stéphanie Balme.
"Lorsqu'on aborde la question des investissements chinois, je suis frappée d'y trouver des discours à tonalité raciste, ou bien qui considèrent que la Chine va sauver le modèle en crise, qui est le modèle européen", constate-t-elle. "On va d'un extrême à l'autre, et on oublie la mesure qui est absolument dans l'entre-deux. La Chine ne peut être qu'une menace si on ne s'est pas bien préparé à cette immense puissance qui nous arrive (...). Le problème ce n'est pas la Chine, c'est notre Europe", poursuit Stéphanie Balme.
Car les pays européens effectivement sont divisés sur la conduite à tenir face à Pékin, qui en joue. Les Européens avaient quinze ans pour se mettre d’accord. Maintenant ils ont quinze jours, avant le 11 décembre.
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