On croyait en avoir fini avec la réforme des retraites. Et voilà que ça repart, mais cette fois-ci sur les retraites complémentaires, qui concernent 18 millions de salariés.
Les réformes des retraites ne concernaient que le régime de base, celui de la Sécurité sociale. Or, toutes les retraites du secteur privé sont constituées de deux éléments : la retraite de base et la complémentaire, fournie par l'Arcco. Les cadres, eux, ont une troisième source de pension, l'Agirc, une caisse qui leur est propre.
Les mêmes causes produisent les mêmes effets. Le vieillissement de la population, qui avait plombé les caisses de la Sécu, commence à attaquer celles des complémentaires. Celles-ci avaient bien des réserves financières substantielles, mais ça diminue. L'Agirc pourrait être à sec dès 2018.
Les salariés du privé vont sans doute se faire tondre une nouvelle fois. Les pensions complémentaires représentent entre un tiers et 70% d'une retraite. C'est considérable. Si on y touche, ça aura un impact important sur le pouvoir d'achat des retraités.
Il va falloir que les syndicats et le patronat, qui gèrent ces caisses, soit diminuent les pensions, soit augmentent les cotisations prélevées sur les salaires. C'est la bonne vieille alternative : des économies ou des prélèvements.
Si c'est la première option, ce sont les retraités qui payent la note. Si c'est la seconde, ce sont les futurs retraités, c'est-à-dire les salariés d'aujourd'hui.
Les négociations entre partenaires sociaux commencent. Elles doivent s'achever dans huit jours. Le Medef voudrait qu'on rogne sur les pensions complémentaires des retraités entre 62 ans et 67 ans. Cela reviendrait à repousser, de facto, l'âge de la retraite à taux plein à 67 ans, même pour ceux qui ont atteint le nombre de trimestres de cotisation avant. Pas question d'une telle décote pour les syndicats.
À l'opposé, la CGT voudrait qu'on prélève les entreprises pour financer le manque à gagner. Il est aussi question de fusionner la caisse des cadres (Agirc) et celle des salariés du privé (Arcco) pour répartir les réserves et gagner du temps. Mais la CGC, le syndicat des cadres, s'y oppose.
Côté pension, le plus probable est qu'on panache les solutions. Ce qui est en ligne de mire, ce sont les majorations pour les familles de plus de trois enfants et ce qu'on appelle les "pensions de réversion", ces pensions versées au conjoint survivant en cas de décès. Aujourd'hui, même l'ex-conjoint d'un assuré décédé peut toucher une partie de sa pension s'il ne s'est pas remarié. Cela marche aussi s'il y a plusieurs ex-conjoints.
Ça veut dire que le conjoint survivant toucherait sa propre pension. Ces pensions de réversion ont été mises en place à une époque où les femmes ne travaillaient guère, et elles survivaient généralement à leur mari. Au décès de leur époux, la réversion leur procurait un petit revenu. Aujourd'hui, dans la plupart des cas, les deux conjoints travaillent, c'est donc moins nécessaire.
Autre solution, on donnerait le choix aux assurés : s'ils veulent garantir une pension de réversion à leur conjoint, ils subiraient en contrepartie d'une minoration de leur propre pension.
Quand en finira-t-on avec cette succession de réformes des retraites ? Cela fait vingt-deux ans que cela dure. La première a été votée en 1993, quand Édouard Balladur était premier ministre. Il y a eu ensuite la tentative infructueuse de 1995, avec Alain Juppé. Puis la réforme Fillon de 2003, la réforme des régimes spéciaux en 2008, et une autre réforme Fillon en 2011.
Le problème, c'est que même si ces réformes atténuent le déficit, elles ne le suppriment pas. Entre-temps, l'espérance de vie continue à augmenter (ce qui est une bonne nouvelle), ce qui fait que le nombre de retraités augmente, alors qu'il est toujours aussi difficile de continuer une carrière après 50 ans, faute d'emplois disponibles. On n'en a donc pas fini.
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