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Le célèbre pneumatique Zodiac est au bord du dépôt de bilan
REPLAY / ÉDITO - Le fabricant de bateaux français Zodiac a été placé en redressement judiciaire en avril dernier. Il a perdu la moitié de son chiffre d'affaires.
François Lenglet
Crédit : Damien Rigondeaud
Zodiac : la marque est tellement connue qu'elle est devenue un nom commun. Mais c'était d'abord un fabricant de bateaux gonflables, et il est au bord du dépôt de bilan.
Un fabricant de bateaux français, et centenaire. L'entreprise fabriquait déjà des zeppelins. Avant la Première Guerre mondiale, elle s'appelait la "Société française de ballons dirigeables et d'aviation".
De l'air, elle était passée à la mer, avec ses fameux canots gonflables. C'est sur l'un de ceux-là que le docteur Alain Bombard a traversé l'Atlantique, dans les années 1950.
Des commandes, mais pas de trésorerie
En réalité, l'entreprise a été scindée en deux en 2007. Avec d'un côté, une société spécialisée dans l'aéronautique, qui fabrique des sièges pour les avions, Zodiac Aerospace ; et de l'autre, le fabricant de bateaux, Zodiac Marine. C'est depuis ce moment-là que Zodiac prend l'eau.
L'entreprise a perdu 50% de son chiffre d'affaires. Plusieurs sites ont été fermés ou réduits, dans le sud-ouest de la France en particulier. Elle est en redressement judiciaire, c’est-à-dire en quasi-faillite.
C'est vrai que le marché de la plaisance se tient fort bien au plan mondial. C'est l'Asie et l'Amérique qui tirent les ventes, et surtout pour les bateaux de plus de 15 mètres, ceux qui valent vraiment cher. Zodiac a une gamme magnifique de bateaux. Elle va bien sûr jusqu'au luxe.
Le paradoxe, c'est que l'entreprise n'est pas en manque de commandes. La demande est là. Mais elle ne peut plus régler ses fournisseurs, faute de trésorerie. Elle a aussi subi de multiples réorganisations qui se sont traduites par une désorganisation complète de la production. C'est un navire sans capitaine.
Le fonds d'investissement en accusation
L'actionnaire et les patrons se sont succédé. C'est justement le problème. En 2007, c'est un fonds d'investissement américain qui achète lors de la scission avec la branche aéronautique. Carlyle est un fonds réputé, qui a redressé des entreprises. Mais sur cette affaire, c'est une catastrophe. Il finit par dépecer l'entreprise et la revendre par morceaux en 2012.
L'activité bateaux est reprise par un autre fonds d'investissement américain, qui échoue une nouvelle fois à la redresser, qui refuse d'injecter suffisamment d'argent pour la remettre à flots. Très vite, l'entreprise subit une attrition de ses capacités de production qui la rendent incapable de satisfaire ses clients. Un comble. Le cercle vicieux s'enclenche : moins de rentrées, donc ne paye pas les fournisseurs, du coup moins de production, etc.Le fonds d'investissement est le responsable. Zodiac périt de ses problèmes de management, c’est-à-dire des choix de l'actionnaire. Vision de court terme, succession de stratégie et de managers différents, et assèchement financier progressif de l'entreprise.
Ça ne veut pas dire que tous les fonds d'investissement sont des catastrophes. Il y a des exemples de redressement spectaculaires. Mais ici, on est dans le mauvais exemple.
Mauvais timing
Ça s'explique probablement aussi par le timing du rachat par Carlyle. 2007, c'est l'année où les prix des entreprises étaient très élevés, juste avant le krach, et où les fonds ont multipliés les investissements inconséquents, parce que trop chers. 2007, c'est l'année où la machine à faire des bêtises tournait à plein régime.
La bonne nouvelle, c'est qu'il y aurait une dizaine de repreneurs qui ont déposé un dossier auprès du tribunal de commerce afin de récupérer Zodiac. La marque va donc probablement reprendre la mer. Mais sous quelle forme, avec combien de sites, localisés où, et combien d'emplois ?
Le docteur Bombard avait inventé les techniques de survie en mer. Ses lointains héritiers vont devoir les adapter à la survie économique.
