Les salariés français à temps complet ont en moyenne travaillé en 2015 moins que leurs collègues européens. Selon une étude de l'institut Coe-Rexecode publiée mercredi 15 juin, leur durée de travail effective d’un Français est de 1.646 heures par an. C'est la durée la plus faible des 28 pays européens. L’année dernière, nous étions avant-dernier, devant la Finlande, mais elle nous a doublé dans la côte. Nous voici enfin détenteur d’un record économique en Europe. 1.646 heures de travail effectif, pour les salariés à temps complet, c’est 199 heures de moins que l’Allemagne (11% de moins), 130 heures de moins qu’en Italie et 228 heures de moins qu’au Royaume-Uni.
Comment s’explique une telle différence ? Ce n’est pas le nombre d’heures faites par semaine, puisque celui-ci est de 39 heures. Il n’a qu’à peine diminué depuis l’année dernière. Ce qui creuse l’écart, ce sont nos jours d’absence. Un salarié français est absent du travail plus de dix semaines par an, ce qui est bien davantage qu’ailleurs. Sur ces 10,6 semaines d’absence, sept proviennent des congés, des RTT et jours fériés (un record), 1,6 vient des congés de maladie, le reste étant dû à des absences pour d’autres motifs (formation, par exemple).
Il y a des écarts d’un secteur à l’autre. Il y a, par exemple, une grosse différence entre les services du secteur privé (le commerce, la distribution), où l’on travaille 1.718 heures par an, et les services non marchands (principalement l’administration publique, les fonctionnaires), qui ne travaillent que 1.579 heures, soit 77 heures de moins que la moyenne française.
L’autre écart, très important celui-là et et atypique en Europe, c’est avec les travailleurs non salariés, c’est-à-dire les indépendants, les professions libérales, les artisans les commerçants. Eux travaillent 2.335 heures par an, c’est 42% de plus qu’un salarié. Alors que dans les autres pays européens, l’écart entre salarié et indépendant est beaucoup plus faible.
Le bon côté, c’est que les salariés français sont productifs. En travaillant peu, ils arrivent à faire tourner la sixième économie mondiale. Cela veut dire que l’organisation est efficace. Mais cela pose quand même deux problèmes. D'abord, le travail est devenu plus intensif bien souvent, justement parce qu’il est plus productif. Les cadences augmentent, le stress aussi, et avec lui les maladies professionnelles. C’est le paradoxe : on n’a jamais travaillé aussi peu, en moyenne, et certaines maladies professionnelles ont augmenté - peut-être aussi parce qu’elles sont mieux détectées.
L’autre problème, c’est que non seulement notre horaire annuel est faible, mais le nombre de personnes au travail est faible. Parce que nous avons des chômeurs, d’une part, et parce que la durée de nos carrières sont courtes. Autrement dit, en France, on commence à travailler tard. On est exclu du marché du travail tôt, puisque notre taux d’activité des seniors est assez faible, même s’il a augmenté. Quand on bosse, on travaille moins que les autres. Et en plus on a un chômage important.
Cela veut dire que la quantité de travail fournie en France est trop faible. Cela explique en bonne partie le niveau élevé des impôts en France. Pour faire fonctionner l’État, les services publics et la redistribution, on est obligé de prélever beaucoup, parce qu’on prélève sur une base étroite.
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