Emploi : le seuil des 16 millions d'emplois salariés à nouveau franchi

L'Institut national de la statistique a revu à la hausse les créations nettes d'emploi des deux derniers trimestres en France. Il s’agit des chiffres de l’emploi marchand, c’est-à-dire des emplois créés par le secteur privé. C'est le meilleur indicateur de la santé du marché du travail français. Ils sont doublement bons. D'abord parce qu’au dernier trimestre connu, de janvier à mars 2016, l’économie française a créé 40.000 emplois. Ce qui nous fait re-franchir à la hausse le seuil des 16 millions d’emplois salariés, qu’on n’avait pas atteint depuis l’élection de François Hollande. Première bonne nouvelle : nous sommes donc revenus au point de 2012.

La seconde, c’est que les créations d’emplois des trimestres précédents ont été réévaluées à la hausse. Sur un an, l’économie française a créé 159.000 postes de travail, c’est le meilleur résultat depuis la crise de 2008.

Plus d’emplois, mais aussi plus de candidats à l’emploi

Si le chômage n’a pas baissé d’autant, cela s'explique en partie par l’arrivée des jeunes sur le marché du travail. L’autre cause, c’est que les départs à la retraite sont moins nombreux, à cause de la dernière réforme des retraites (celle de 2010) qui a retardé l’âge où l’on bénéficie de sa pension complète. Pour résumer, si le chômage n’a pas baissé autant qu’il y a eu de création d’emplois, c’est parce que la population active augmente. Si la population active continue à croître, c’est parce que les jeunes arrivent tandis que les seniors sont moins nombreux à partir de la retraite. Il y a donc plus d’emplois, mais aussi plus de candidats à l’emploi.

Sur un an, c’est dans les services aux entreprises qu’on a créé le plus d’emplois. C’est un secteur très vaste, qui va du nettoyage des sites industriels jusqu'au commissariat au compte. Les deux autres dynamiques sont le commerce et l’hébergement-restauration. En revanche, l’industrie continue à détruire des emplois, tout comme la construction. Mais sur le seul dernier trimestre, la construction est en positif. Cela est une très bonne nouvelle. Cela veut dire que le bâtiment, après une très très longue chute, est en train de repartir. On repart de bas.

Si on regarde le chiffre d’affaires de Saint-Gobain, par exemple, qui fournit des matériaux au bâtiment, on voit que ça repart aussi, mais avec une chute de 25% par rapport à avant la crise. La crise de l'emploi français a d’abord été une crise du bâtiment. Le secteur a perdu 200.000 emplois depuis la crise de 2008, c’est-à-dire 13% de son total. Cette crise semble en train de s’apaiser.

L'embellie va se poursuivre

Le tiers de ces 160.000 emplois créés entre début 2015 et début 2016, c’est de l’intérim. Le reste ce sont soit des CDD, soit des CDI. Là encore, c’est très classique, dans une phase de reprise, de voir l’intérim redécoller. Sur un an, la croissance de l’emploi intérimaire est de 11%.

On peut croire à la poursuite de cette embellie. Voilà dix-huit mois que nous sommes sur une tendance de 30 à 40.000 emplois nouveaux par trimestre. On ne voit pas de raison pour que cela change à court terme. La France bénéficie enfin de l’amélioration modeste, mais réelle, qui se déploie sur la zone euro.