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Les Bac+5 ne trouvent pas facilement de travail
REPLAY - ÉDITO - Selon l'enquête annuelle de l'Apec, les jeunes les plus diplômés peinent, eux aussi, à décrocher un premier emploi de qualité.
Une étude de l’Agence pour l’emploi des cadres (Apec) est sans ambiguïté : les conditions d’emploi des jeunes diplômés se dégradent rapidement. L’économie française va cette année recruter plus de 175.000 cadres. Les jeunes diplômés, et en particulier les Bac+5, n’en profiteront qu’à la marge. Les six veinards sur dix qui trouveront un poste dans l’année qui suit leur diplôme ne seront en CDI que pour 50% d’entre eux, et ils ne seront pas plus nombreux à bénéficier du statut cadre.
Comparativement aux promotions passées, c’est une violente dégradation. Elle se reflète aussi d'ailleurs dans les salaires. Ils connaissent un recul spectaculaire. La rémunération moyenne de la promo 2013 était de 29.400 euros. Pour celle de 2014, on tombe à 25.700 euros, soit l’équivalent de 1,5 Smic sans aucun des avantages du Smic.
Paupérisation des jeunes diplômés
La paupérisation de nos jeunes diplômés est donc en marche. Un master, voire une école de commerce si elle n’est pas très cotée, ne vous épargne plus la galère de la chasse au premier emploi et de la déqualification. Pour les Bac+5, c’est bien sûr un peu moins brutal que pour les non diplômés de l’enseignement supérieur, mais ça l'est de moins en moins.
Conjoncture, formations, choix des entreprises : chacun de ces éléments pèse dans la dégradation continue de l’insertion de nos jeunes diplômes. Mais ils n’expliquent pas tout. La frilosité de nos entreprises vis-à-vis des jeunes est inversement proportionnelle aux discours de leurs responsables. Les employeurs refusent le moindre risque : ils veulent des jeunes, mais déjà bien expérimentés. Ils veulent la souplesse de l’étudiant et le savoir opérationnel comme un vieux briscard. Nos entreprises ne veulent plus ou ne savent plus se préparer à l’accueil des futurs cadres.
Ces mauvaises conditions d’insertion laisseront nécessairement des traces. Au détriment de notre compétitivité globale.
Régime des concessions
Il y a une fracture très nette en termes de statut dans l'emploi et de qualification perçue entre les ingénieurs et leurs camarades des autres filières. Les ingénieurs sont plus de sept sur dix à disposer d’un emploi neuf mois après leur diplôme. Ils sont en CDI dans la même proportion, et neuf sur dix disposent d’un statut de cadre.
Pour les autres, c’est le plus souvent le régime des concessions sur le contenu des jobs, des rémunérations et de la pérennité du poste. Si le postulat selon lequel "faire des études est le meilleur passeport pour l’emploi" conserve encore un peu de pertinence, il ne faut pas non plus se voiler la face : dans le cas de la France, il se lézarde de toutes parts.
