On est loin de la Dernière séance très nostalgique d'Eddy Mitchell. La fréquentation dans nos salles continue de se porter au mieux. Deux Français sur trois sont allés au moins une fois au cinéma l'an dernier en moyenne. C'est même un peu plus de cinq passages par les salles obscures, ce qui installe la fréquentation au-dessus des 200 millions d'entrées. On est un petit peu en baisse par rapport à 2014, mais on n'a pas eu d'énorme succès français comme on avait pu connaitre avec Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu ? Mais plus de 205 millions d'entrées, c'est un des meilleurs niveaux depuis cinquante ans. Il faut dire que si on a manqué d'un grand film tricolore, 2015 a quand même été l'année du retour de Star Wars ou du dernier James Bond.
Et si vous pensiez connaitre le destin d'un cinéma de quartier, qui doit finir en garage, en building-supermarché, vous vous trompez. Bien sûr, les énormes multiplexes en périphérie des grandes villes ont permis de créer un business model plus rentable pour les salles de cinéma : en plus, du film, on peut trouver des bars, des restaurants, voire des jeux d'arcade qui ont apporté des revenus supplémentaires aux salles. Ces multiplexes ont fait beaucoup de tort aux cinémas de centre-ville. Mais on est assez surpris de constater dans les chiffres du Centre national du Cinéma (CNC) que l'on recensait toujours 1.600 communes en France qui ont conservé leurs petites salles avec un ou deux films à l'affiche. Paris, finalement, ne représente que 10% du marché français.
On constate aussi que la fréquentation des salles de cinéma repose énormément sur la jeunesse du public. C'est un atout extraordinaire comparé à nos voisins anglais, allemands, espagnols ou italiens. D'ailleurs, on voit encore une fois que notre démographie et la jeunesse de notre population représente encore un atout pour nous. Et là, pour un coup, on peut rendre hommage à la politique culturelle française de ces dernières décennies.
Aujourd'hui, un tiers du public qui va au cinéma a moins de 25 ans. D'ailleurs, on ne s'y trompe pas quand on voit l'accumulation de films comme Divergentes, Hunger Games, Vice-Versa en 2015. Cette année, février a été un mois record, porté par les films Zootopie de Disney et Deadpool de Marvel.
On peut rendre hommage à la politique culturelle française de ces dernières décennies
Martial You
Il y a un public jeune dans nos salles, et ce n'est pas un hasard démographique seulement. En 2015, six millions d'enfants de moins de 14 ans sont allés au cinéma (3% de la fréquentation) parce que le gouvernement avait décidé d'instaurer un tarif unique de 4 euros. Que ce public continue à aller au cinéma à l'ère des jeux vidéo et d'Internet, c'est très rassurant.
C'est un choix économique et un choix stratégique, parce qu'on forme là le public de demain et donc les rentrées économiques du cinéma tricolore de demain. Cet investissement de l'État dans l'industrie du cinéma fait qu'aujourd'hui nous sommes le pays d'Europe où l'on va le plus au ciné, mais aussi où il existe encore un cinéma français, là où les autres ont disparu, absorbés par Hollywood.
Reste que l'on n'échappe pas à l'ultra-domination américaine en matière de production. La part de marché des films français est de 34%, contre plus de 56% pour Hollywood. Mais un tiers du marché détenu par la production locale, on ne voit ça nulle part ailleurs. On a produit 300 films en France, un record depuis 1952. Là encore, la politique publique préserve la production nationale. Les chaînes de télévisions râlent, mais elles financent la production des films. Même si pour Canal+, ça devient aberrant de financer tous les films alors que l'avantage d'être les premiers à diffuser l'oeuvre n'a plus grand intérêt à l'heure d'iTunes.
Le statut des intermittents du spectacle irrite, mais il sauvegarde le modèle économique de production de nos films. Et quand Luc Besson crie au scandale et explique qu'il va devoir s'exiler en Hongrie pour tourner Valérian en anglais car, en France, il n'a pas les mêmes avantages fiscaux, il obtient dans la foulée un crédit d'impôts de 30% de la part du gouvernement qui modifie les règles.
C'est pragmatique, c'est intelligent et ça permet de sauver une industrie qui est notre plus bel ambassadeur à l'international. Notre cinéma maintient l'idée que nous sommes un pays de culture, vante nos paysage et notre mode de vie. Et ça, ça permet aussi de vendre des carrés Hermès, du Cognac ou des voitures partout dans le monde.
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