La dernière affaire en date nous emmène chez Volkswagen, en Allemagne, où les neuf membres du directoire ont refusé de diminuer leurs bonus pour l’année (63 millions d’euros au total), malgré le scandale de ce qu’on appelle le "dieselgate". Vous vous souvenez que le constructeur automobile a été convaincu de fraude délibérée des performances écologiques de ses véhicules. Une affaire qui va lui coûter des milliards, au point que le dividende des actionnaires a été réduit quasiment à zéro.
Mais les directeurs n’entendaient pas baisser leur rémunération, malgré la catastrophe dont ils sont sinon responsables, du moins comptables. Ils ont fini par accepter de geler leur variable de 30% seulement, de façon temporaire. Autre affaire : au Royaume-Uni, le patron du pétrolier BP, qui fait 6 milliards de pertes et augmente sa rémunération de 30%, à près de 18 millions d’euros annuels.
Chez nous, c’est l’affaire Ghosn qui fait du bruit. Chez Renault, il n’y a pas de débat sur la compétence ou sur la performance du patron, qui est très bonne : il a redressé Renault, comme il avait redressé Nissan il y a quinze ans. Le problème, c’est qu’il se fait verser deux salaires par deux entreprises du même groupe, ce qui est pour le moins inhabituel (8 millions annuels de Nissan, et 7 millions chez Renault). Cela en fait le patron le mieux payé du CAC40. Du coup, les actionnaires de Renault, avec en bonne place l’État français, ont refusé d’avaliser son salaire. Ils ont voté contre. Ce qui est rarissime.
Cela n'a aucune conséquence pour Carlos Ghosn, et c’est justement le problème. Le conseil d’administration a passé outre la décision des actionnaires, pour attribuer à Ghosn le montant prévu (ses 7 millions d’euros). Cela veut dire qu’il n’y en fait aucun contrôle de la rémunération des grands patrons. Cela ressemble au capitalisme de l’entre soi. Le Medef avait bien tenté, il y a quelques années, d’imposer un code de bonne conduite pour répondre à d’autres scandales, et empêcher une régulation de la part du gouvernement. C’était à l’époque de Nicolas Sarkozy.
Le patronat avait justement recommandé que le salaire des dirigeants soit soumis au vote des actionnaires, ce qu’on appelle, en anglais, le "say on pay". L’affaire Ghosn est la preuve que ce code n’est pas appliqué, et que l’auto-régulation prônée par le Medef ne fonctionne pas. On a vu exactement la même chose chez BP, au Royaume-Uni.
On a le sentiment que ces affaires sont beaucoup plus nombreuses qu’avant, comme si les abus se multipliaient. En réalité, elles ne sont pas plus nombreuses, mais elles sont devenues insupportables à cause de la crise, exactement comme les affaires de corruption des hommes politiques. Car ce sont les mêmes qui demandent des efforts aux salariés, et qui ne s’appliquent pas la rigueur qu’ils prônent pour les autres, alors qu’ils n’ont généralement même pas pris de risque personnel, contrairement aux entrepreneurs.
Parce qu’ils se conduisent ainsi, ils discréditent le discours sur la compétitivité. Plus grave encore, ils discréditent les autres patrons, grands ou petits, très largement majoritaires, qui respectent à la fois la morale la plus élémentaire, le bon sens et l’avenir de l’entreprise dont ils ont la charge.
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