Le "non" grec devrait permettre au sauvetage de la Grèce de reprendre sur des bases plus solides, c’est-à-dire avec trois pieds : de l'argent pour Athènes (il en faut), des réformes économiques à Athènes (il en faut aussi), mais aussi un allègement de la dette, qui était jusqu'ici exclu.
Les précédentes négociations, qui se déroulaient jusqu'à l'annonce du référendum, étaient stériles. Elles ne portaient que sur des points mineurs qui n'avaient aucune chance d'améliorer l'état du pays. On ne remet pas sur pied une économie effondrée en augmentant les impôts.
Voilà cinq ans que les plans de sauvetage se succèdent et que tout va de mal en pis. Le choc que représente un "non" aussi massif va peut-être inciter l'Europe et le FMI à changer de plan pour aider la Grèce. Ce week-end, on a appris que le FMI a justement reconnu en partie ses erreurs, dans une étude qui a fuité dans la presse et qui préconise de changer de stratégie.
Formellement, les Grecs ne disent pas "non" à l'Europe, mais "non" à un plan de sauvetage dont ils pensent qu'ils ne régleraient pas leurs problèmes. C'est vrai que ce vote signifie que les Grecs ne resteront pas dans l'euro à tout prix. Ils ont posé une limite aux efforts, non pas seulement parce que c'est dur, mais parce que ces efforts pèsent de façon inégale sur le pays.
C'est d'abord sur la classe populaire et moyenne qu'ils reposent, et en particulier sur les jeunes. 35% des jeunes sont au chômage (jusqu'à 70% dans certaines régions). Et ce sont justement les jeunes qui ont massivement voté "non" : les deux-tiers de des votes "non" proviennent d'électeurs de moins de 34 ans. Ce "non" une révolte des jeunes contre cette Europe-là, qui a fait peser sur leurs épaules tous les ajustements, alors que les seniors ont massivement voté "oui", car ils tiennent à l'euro et à leurs économies.
Tout ça alors qu'on croyait que la crise de l'euro était finie. Nous sommes, en réalité, dans la seconde phase de la crise de l'euro. La première, qui avait débuté en 2010, était financière. Elle a été stoppée en 2012 par la BCE, qui a bloqué la spéculation en devenant le réassureur de tous les États, en achetant leur dette pour éviter leur faillite.
La seconde phase est politique. Elle voit les peuples contester l'union monétaire et ses difficultés. C'était manifeste durant les élections européennes. On le voit aujourd'hui avec ce référendum. Peut-être ce mouvement se prolongera-t-il à l'automne, avec les législatives espagnoles ? Mais ce sont deux chapitres de la même histoire.
On ne remet pas sur pied une économie effondrée en augmentant les impôts
François Lenglet
La finance, comme les peuples, pointent les mêmes faiblesses : l'union monétaire européenne n'est pas finie. C'est une collection d'États hétérogènes ficelés les uns aux autres, qui ont bien souvent mal utilisé les avantages de l'euro - c'était le cas ce la Grèce dans les années 2000 - et qui s'en voient aujourd'hui punis de façon anormalement forte.
Ce "non" pourrait-il déboucher sur des réformes de l'union monétaire elle-même ? C'est ce qu'il faut souhaiter. Il faut évidemment prévoir des procédures de sortie de l'union, pour ceux qui souhaitent en partir - les Grecs, si c'est leur cas -, et parallèlement, travailler à s'intégrer davantage, pour ceux qui veulent rester.
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