Un rapport sur l'université française, fait par l'inspection générale des Finances (un service de Bercy), suggère d'augmenter fortement les droits d'inscription des étudiants français. C'est le journal Les Echos qui révèle ce rapport. Les auteurs estiment que le relèvement de ces droits d'inscription (c'est aujourd'hui entre 200 et 250 euros par étudiant et par an, hors frais de sécurité sociale bien sûr) est l'un des principaux leviers de ressources pour les universités.
Cela permettrait donc d'investir, alors que les subventions de l'État, qui comptent pour 80% de leurs ressources, sont limitées. Les auteurs suggèrent de les porter à 1.000 euros, ce qui rapporterait aux universités un petit milliard d'euros.
Selon le rapport, la situation financière des universités va mieux. Leur situation budgétaire s'améliore. Mais elles ont redressé la barre au prix du sacrifice de l'investissement justement et des frais d'entretien. Ce n'est donc pas un redressement durable.
Si on augmente les droits d'inscription, on prend le risque de réserver l'université à une élite sociale : c'est ce que disent les syndicats d'étudiants, qui se récrient dès qu'on parle augmentation, au nom de la justice sociale. C'est vrai que c'est un tabou en France.
Mais on peut très bien retourner l'argument. Comme il y a beaucoup plus d'enfants de cadres et d'enseignants à l'université que d'enfants de smicards, le système actuel, égalitaire en apparence, est en fait assez inégalitaire, puisque les hauts revenus profitent davantage du service public de l'éducation pour le même prix que les autres.
L'augmentation des droits pourrait rendre le système moins inégalitaire
François Lenglet
Si on augmentait les droits d'inscription et qu'on redistribuait une bonne partie de l'argent collecté sous la forme de bourses pour les étudiants qui en ont besoin, on corrigerait cette inégalité. Les enfants de milieux favorisés n'auraient pas de bourse ; ils paieraient donc plus cher. On voit bien ici que c'est justement l'augmentation des droits qui pourrait rendre le système moins inégalitaire.
En Europe, les droits d'inscription vont de zéro, en Suède par exemple, à 11.000 euros, au Royaume-Uni, sans qu'on puisse corréler le prix à la qualité des études. En gros, il y a deux modèles. D'abord, le modèle libéral britannique, calqué sur les États-Unis, où les universités sont chères, et où bien souvent l'étudiant est contraint à emprunter lourdement pour financier ses études. Ensuite, le modèle scandinave, où tout est financé par les impôts (élevés) et où c'est donc gratuit pour les étudiants. La France est plutôt du côté Europe du Nord.
Si on ne peut pas augmenter les impôts, ni les droits d'inscription, ça veut-il dire que les universités françaises sont condamnées la paupérisation ? Il y a quand même des marges. Les universités, sans toucher aux droits annuels pour les diplômes d'État comme la licence, augmentent le prix des autres diplômes, les Master par exemple, dont les droits ont doublé depuis 2008.
Il y a aussi des expériences intéressantes, comme celles de l'université Paris-Dauphine, qui a depuis longtemps des tarifs progressifs, en fonction du revenu des parents. L'année dernière, Dauphine a même augmenté les prix de 40% pour les gros revenus, et les porter à 6.000 euros par an.
Les étudiants étrangers payent également 6.000 euros, sans réduction possible. En contrepartie, Dauphine a augmenté les abattements pour les étudiants de province et pour les revenus modestes. Ce n'est pas si bête.
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