Les exilés fiscaux ont souvent commencé par recevoir une lettre (désagréable) de la part de leur banquier suisse. Il ne veut plus de leur compte illégal, et ils doivent se dénoncer au Fisc. Pour rapatrier leur argent en France, un service spécialisé les accueille les bras ouverts. Personne ne leur fait la morale. "En général il sont méga-angoissés mais pas énervés, explique Maïté Gabet, la directrice nationale des vérifications des situations fiscales. Il n'y a ni jus d'orange, ni petits fours, ni fauteuil en cuir. Ce n'est pas un cabinet de psychologue". C'est un lieu où ils racontent leur histoire et celle de leurs capitaux. Après ils sont soulagés et libérés de ce secret, parfois gardé depuis des décennies.
Il y a une part de l'Histoire de France dans ces comptes à l'étranger. Certains ont été ouverts avant la Révolution française, puis dans les années 30. Ensuite certains, en quittant l'Algérie, sont passés par la Suisse avant de revenir en France. La dernière grande vague, c'était en 1981 avec la crainte des chars russes. Cela, c'est l'Histoire avec un grand "H" de l'évasion fiscale. Mais il y a aussi énormément de petites histoires. Ce sont les secrets de famille qui ressortent.
Dans la démarche de régularisation, il faut expliquer aux Impôts, par écrit, d'où vient l'argent. C'est là que l'on découvre une maîtresse, des enfants cachés ou des enfants préférés. Autant d'histoires qu'entend dans son cabinet l'avocat fiscaliste Marc Bornhauser. "Ces comptes ont parfois servi à régler des situations comme on faisait à l'époque. Comme on voulait éviter le scandale, on créait la petite pelote de laine derrière une fondation du Liechtenstein. Maintenant on ne fait plus comme cela", décrypte-t-il.
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, ce n'était pas réservé à quelques familles très riches des beaux quartiers de Paris. C'est dans toute la France qu'aujourd'hui des contribuables rapatrient de l'argent. C'est pour ça qu'il y a aujourd'hui sept bureaux en France pour les recevoir.
Cela rapporte beaucoup : plus de 2,6 milliards cette année. L'an prochain, le gouvernement table encore sur un peu plus de 2 milliards d'euros de recettes. Cette somme correspond exactement à ce qu'a promis François Hollande en baisse d'impôts l'année prochaine. La source commencera à se tarir quand, en 2018, la Suisse transmettra automatiquement les informations bancaires. Tout le monde aura alors fermé son compte illégal.
Mais dans les faits, les banquiers suisses ont déjà proposés à ceux qui possédaient plus de 5 millions d'euros une solution pour ouvrir un nouveau compte à Singapour ou à Abou Dabi. Cet argent-là, le Fisc français ne le verra donc jamais.
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