L'Alsace est la région où le nombre de sans emploi a le plus augmenté, en proportion, en France, sur les quinze dernières années. La région de Strasbourg enregistre un taux de chômage un peu supérieur à 10%. C'est à peine croyable : lorsque vous traversez le pont sur le Rhin, qui marque la frontière franco-allemande, vous arrivez dans la région d'Ortenau qui, elle, ne compte que 3,5% de chômeurs. À quelques mètres de distance, le pays du plein emploi et celui du chômage se font face, alors que leur histoire industrielle est très voisine.
Comment expliquer cette différence ? Par la démographie, d'abord. Le bassin d'emploi allemand comprend 165.000 emplois, et 20% de leurs titulaires actuels vont prendre leur retraite dans les cinq ans. Ça fait plus de 20.000 emplois qui vont être disponibles. C'est ce gisement que Pôle Emploi et son homologue d'outre-Rhin, la Bundesagentur für Arbeit, veulent exploiter. En apparence, les deux agences font le même métier. En réalité, Pôle Emploi a trop de candidats et pas assez d'entreprises en demande de travail, alors que derrière la frontière, c'est exactement le contraire.
L'agence de travail allemande ne cherche pas d'entreprise, mais au contraire des candidats à l'emploi. Les deux structures ont donc décidé, il y a un peu plus de deux ans, de monter une agence commune, dans le premier bâtiment après la frontière, côté allemand, pour marier leurs besoins symétriques. De nombreux candidats se présentent tous les jours, et plusieurs centaines sont désormais placés en Allemagne chaque année.
Les Français acceptent facilement d'aller travailler en Allemagne ? Ceux que l'on a rencontrés ont souvent fait de nombreuses démarches infructueuses en France, et ils ont fini par surmonter leurs préjugés. Exemple : Rebeca, 25 ans, quadrilingue, cinq ans d'études et pas de travail en France. Le personnel de l'agence commune a passé son CV d'abord dans la base de données de Pôle Emploi : on lui a proposé une formation. La même expérience avec le système allemand : cinq pages d'annonces, dont neuf offres d'emploi qui correspondent exactement à ce qu'elle cherche.
Les Français imaginent que les emplois disponibles en Allemagne ne sont que les fameux "mini-jobs", faiblement payés, alors qu'en réalité, à compétence égale, les salaires sont 20% supérieurs outre-Rhin. Il y a aussi l'obstacle de la langue. Le paradoxe, c'est qu'il y a de plus en plus d'offres de travail en Allemagne, et de moins en moins de frontaliers français. Justement parce que le dialecte alsacien est de moins en moins parlé, et que l'allemand est de moins en moins enseigné.
Ne peut-on pas organiser des cours d'allemand ? C'est ce que certains essayent de faire au lycée Jean-Mermoz à Saint-Louis, près de Mulhouse par exemple. Là bas, le proviseur se bat comme un lion pour placer ses élèves de l'enseignement professionnel. Il a ainsi supprimé l'option allemand classique, qui n'était plus demandée, et mis en place des cours d'allemand professionnel, où l'on apprend à rédiger un CV et à répondre à un entretien professionnel. Mais les candidats sont malheureusement encore trop peu nombreux. Il y a en ce moment 5.027 places d'apprentissage à prendre dans les entreprises allemandes juste derrière la frontière. Et il n'y a eu que six candidats français.
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