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Grève SNCF : le Royaume-Uni, un modèle de réforme ferroviaire ?

ÉDITO - Le pays qui a poussé le plus loin la réforme du chemin de fer, c'est le Royaume-Uni. Alors que la grève de la SNCF a débuté chez nous, peut-on (doit-on) s'inspirer de ce pionnier ?

Un train anglais en gare près de Londres, le 7 septembre 2016

Crédit : AFP / Archives, DANIEL LEAL-OLIVAS

Grève SNCF : le Royaume-Uni, un modèle de réforme ferroviaire ?

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François Lenglet & Loïc Farge

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La réforme des trains britannique est intéressante pour deux raisons. D'abord, c'est l'une des premières qui a été entreprise en Europe. Elle date du gouvernement de John Major, au milieu des années 1990.

Ensuite, c'est l'une des plus radicales. Le réseau a été littéralement vendu à l'encan, en une centaine de morceaux, avec quelque vingt-cinq franchises mises aux enchères par le Trésor britannique, et attribuées au privé. Et 71% de ces lignes sont d'ailleurs gérées par du privé étranger - Keolis, la filiale de la SNCF, en particulier, ainsi que la Deutsche Bahn, les chemin de fer allemands.

Vingt-cinq ans après la privatisation, le nombre de voyageurs dans les trains a plus que doublé outre-Manche. Il est passé de 760 millions à 1,7 milliard. Mais les experts soulignent que la démographie et l'urbanisation ont été les causes principales de cette envolée.

Un réseau ferroviaire pas plus moderne

Pour le reste, le taux de satisfaction des usagers est désastreux. L'année 2017 a été la pire, en terme de ponctualité, depuis dix ans. Les retards de plus de 30 minutes affectent plusieurs millions de voyageurs chaque jour.

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Il y a toujours des grèves, parfois dures. Pendant quinze mois sur une ligne du sud de Londres, par exemple, car les conducteurs refusaient de fermer les portes eux-mêmes. La ligne, co-gérée par la SNCF, a été condamnée à payer 15 millions d'euros après un procès déclenché par collectif d'usages mécontents.

En plus, les voyageurs ne paient pas moins cher grâce à la concurrence. Un utilisateur anglais paie 13% de son salaire mensuel pour les transports en commun, contre 2% en France et 3% en Italie. Un abonnement mensuel de train coûte, en moyenne, 450 euros, contre 75 euros pour le passe Navigo de l’Île-de-France.

Dans le même temps, le réseau n'est pas plus moderne que chez nous. Il n'est, par exemple, électrifié qu'à 30%. C'est le taux le plus bas d'Europe.

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Alors cela coûte quand même moins cher à l'État. La subvention publique pour le chemin de fer n'est que de 5 milliards d'euros par an Outre-Manche. C'est le tiers de ce que paie l'État français chaque année. En France, c'est le contribuable qui paie l'essentiel du prix du billet. Au Royaume-Uni, c'est l'usager - ou plutôt le client - qui paie la plus grande partie (66% exactement) du prix du billet.

Mais l'État anglais assume aussi la dette de la société gestionnaire du réseau, qui est, comme celle de la SNCF, d'une bonne cinquantaine de milliards d'euros. Car cette entreprise gestionnaire, après avoir été privatisée, a été quasiment renationalisée il y a quinze ans.

Retour en arrière

Le Royaume-Uni fait marche arrière. Et pas seulement là. La ligne côtière de l'Est, par exemple, a elle aussi été renationalisée en 2009, jusqu'en 2015 où elle a été privatisée une nouvelle fois, au profit de Virgin, la société du milliardaire de Richard Branson. Mais devant le fiasco financier et la faillite vraisemblable, le gouvernement d'apprête à la renationaliser une seconde fois.

En fait, c'est toute l'opinion publique britannique d'ailleurs qui a changé d'état d'esprit, souhaitant à 76% que l'État reprenne le contrôle des chemins de fer britanniques.

C'est un échec. Il faut dire que la méthode choisie et l'inspiration très radicale n'a rien à voir avec la simple ouverture à la concurrence. Il s'est agi d'un véritable dynamitage, avec une privatisation intégrale qui n'est pas du tout adaptée à la gestion de ce que les économistes appellent les "monopoles naturels".

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