Passe Navigo : "Il faut investir dans le transport public francilien"
ÉDITO - Le titre de transports unique de la région Île-de-France va augmenter en moyenne de 3% au cœur de l'été.
Ce nouveau coup de chaud tarifaire du passe Navigo n'est pas une surprise. Le tarif avait déjà été alourdi de 4,3% en 2016. L'opération se répète donc cette année. Ce titre de transports coûtera désormais 75,20 euros, ce qui représente quand même une hausse de 5,20 euros par mois sur une facture de transports individuelle, et ce en à peine dix-huit mois. Comme souvent, les promesses politiques se sont assises sur les réalités économiques. Avant le lancement de cette initiative, les spécialistes des transports avaient dénoncé une décision "très décalée" par rapport aux coûts réels des services, et surtout aux capacités de financement su système de transports régional.
Les transports publics franciliens manquent de moyens par rapport aux ambitions affichées. Dès l'origine, on savait qu'il manquait 300 millions d'euros par an pour ce passe unique. L'organisation des transports régionaux en Île-de-France, c'est un budget annuel de 10 milliards. Les recettes réellement perçues (le prix payé par les utilisateurs) sont inférieures à 5 milliards. Aujourd'hui un utilisateur régulier du réseau ne paie en réalité que 27% du coût de son déplacement.
Une fois de plus, les promesses politiques se sont assises sur les réalités économiques
Christian Menanteau
Concrètement : sur une dépense de 100 euros, le syndicat des transports perçoit 27 euros de la part des passagers. Il doit trouver 73 euros en taxes et redevances diverses. Une équation complexe. Qui est en réalité insoluble, car il faut par ailleurs moderniser un réseau qui craque de partout. Il faut rénover le parc roulant : 700 trains sont à changer dans les trois ans, pour un coût supérieur à 9 milliards. Dernier clou sur le rail : la capacité d'emprunt de cette organisation est limitée.
Si le service s’améliore et que la fréquentation augmente, cela pourrait quand même boucher les trous ? C'était le pari initial. Il est à ce jour perdu. Le coût mensuel du transport public à Marseille ou à Bordeaux ne dépasse pas 45 euros. À Lyon, ville elle aussi compliquée et chère, il culmine à 63 euros.
Manifestement, le rapport qualité-prix n'est pas en région parisienne suffisamment attirant pour changer la donne. Il faut donc massivement améliorer le service. Ce qui suppose de lourds investissements. Une mobilité efficace et confortable à un coût. On l'a refusé durant trente ans. La facture se présente aujourd'hui. Elle va augmenter durant au moins une décennie.
Le bloc-notes
- La croissance va s'afficher en hausse de 1,6% cette année, selon l'Insee. Cette année (la meilleure depuis 2011) est porteuse de nouveaux emplois : 220.000 d'ici décembre
- Les allocations-chômage seront augmentées de 0,65% le 1er juillet.
La note du jour
06/20 à l'inter-profession des producteurs d'huile d'olive. Les volumes produits en France dépassent à peine 3.000 tonnes, comme en 2000, mais avec 7.000 hectares plantés supplémentaires. En cause : la perte de notre savoir-faire.
