Pour la deuxième fois de sa carrière, Richard Gasquet va disputer une demi-finale du prestigieux tournoi de Wimbledon. Le Français s'est qualifié jeudi 8 juillet aux dépens de Stan Wawrinka, battu en cinq sets au terme d'un match serré jusqu'au bout (6-4, 4-6, 3-6, 6-4, 11-9). La dernière fois qu'il s'était illustré ainsi sur le gazon anglais, c'était en 2007. Mené deux sets à zéro, il était revenu de nulle part pour renverser Andy Roddick (4-6, 4-6, 7-6, 7-6, 8-6). Il lui a donc fallu huit ans pour revenir à un niveau comparable. Huit ans pendant lesquels les difficultés se sont accumulées.
Lorsqu'il accède donc en 2007 à un dernier carré dans un Grand Chelem pour la première fois de sa carrière, le tennis français croit enfin voir l'éclosion de son surdoué de la petite balle jaune. Le même prodige qui, à 9 ans, avait fait la couverture de Tennis Magazine, comme le rappelle Slate, et était alors qualifié de "Mozart du tennis". Une "pression énorme" que dénonçait Fabrice Santoro, l'un de ses mentors, dans les colonnes du Figaro.
Seulement voilà, depuis cette première percée dans le top 10 du classement ATP - il termine la saison à la 8e place - Richard Gasquet n'a pas confirmé. Jusqu'en 2013, il ne dépasse plus les 8es de finale des Grands Chelems lorsqu'il ne se fait pas éliminer au 1er tour, même s'il a parfois joué de malchance aux tirages (Nadal à l'US Open 2009, Murray à Roland-Garros en 2010). En plus de voir son tennis lui échapper, Richard Gasquet a souvent été confronté aux blessures. Comme en 2008, lorsque son genou gauche l'oblige à déclarer forfait à Roland-Garros, juste avant de disputer sa première rencontre.
Vient ensuite le fameux contrôle positif à la cocaïne en 2009. Un coup d'arrêt monumental pour "Ritchie", obligé de faire appel à deux spin doctors de renom, Ramzi Khiroun et Anne Hommel, connus pour avoir travaillé avec Dominique Strauss-Kahn notamment, afin de blanchir son image auprès du public et des médias. Ce qui ne l'empêche pas d'être suspendu deux mois et demi avant d'être finalement disculpé.
La reprise ensuite est très compliquée. Toujours trop tendre physiquement par rapport aux autres cadors du circuit, mentalement trop friable dans les moments clés, Richard Gasquet n'obtient qu'un seul titre en simple entre octobre 2007 et août 2012.
En 2011, Ricciardo Piatti, son nouvel entraîneur de l'époque, dresse pour L'Équipe un constat qui semble résumer la majeure partie de la carrière du Français : "Tout le monde sait que c'est un excellent joueur, qui, à mon avis, est encore jeune et qui a dû vivre avec une très grosse attente dans son pays, après ses exploits précoces. Je crois qu'il faut encore lui donner un peu de temps pour grandir, pour mieux gérer ses émotions".
De son côté, Richard Gasquet, lucide, comme pour ne plus susciter trop d'expectations, déclarait quelques mois après au Parisien : "Il m'a toujours manqué un petit truc pour gagner un Grand Chelem. Je ne pense pas avoir le niveau pour être numéro un mondial".
Sous la houlette de son coach italien, l'ancien grand espoir revient progressivement à un bon niveau dans le circuit. 52e à l'ATP à l'issue de la saison 2009, il remonte au 9e rang en 2013. Une saison qu'il ponctue, en point d'orgue, d'une demi-finale à l'US Open face à Rafael Nadal (6-4, 7-6, 6-2). Là encore, les observateurs y voient enfin le signe de la maturité.
C'était sans compter sur des pépins physiques notamment une hernie discale et surtout un "syndrome de Maigne" (compression de la charnière thoraco-lombaire, ndlr) en 2014 et au début de l'année 2015. Après un nouvel échec en 8es de Roland-Garros en mai dernier, Richard Gasquet avait vu sa préparation pour Wimbledon être tronquée et marquée par une élimination dès le deuxième tour du Queen's, à la mi-juin.
Et pourtant, lui qui se défend d'être un "intrus", a bel et bien réussi l'exploit de s'offrir Stan Wawrinka en quarts de finale. Reste désormais à savoir s'il s'agit d'un énième coup d'éclat éphémère ou le début d'une installation pérenne parmi les meilleurs.
Court central (début du premier match à 14 heures
Novak Djokovic (SRB/N.1) - Richard Gasquet (FRA/N.21)
Andy Murray (GBR/N.3) - Roger Federer (SUI/N.2)
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