Avant cette intervention médiatique remarquée, Marcelo Bielsa n'avait pas encore fait honneur à sa réputation. En 1992, l'ancien entraîneur de Newell's Old Boys avait, grenade à la main sur le pas de sa porte, fait face à des centaines de supporters venus lui demander des comptes après une défaite en Copa Libertadores.
À la même époque, le technicien argentin avait convoqué Adrian Taffarel, coupable d'avoir jeté son chasuble à terre lors d'un entrainement. Dans une pièce fermée par ses soins, il avait alors lancé au joueur : "allons-y, foutons nous sur la gueule". Une attitude qui, malgré une légère rechute en 2012 à l'Atletico Bilbao où il avait agressé un responsable des travaux de rénovation du centre d'entraînement, s'est adoucie avec le temps.
En 2014, Marcelo Bielsa n'est plus le même. Plutôt que de dégoupiller ou d'en venir aux mains, l'homme de 59 ans préfère user de mots aiguisés pour donner des coups. une technique qui semble bel et bien couper le souffle de son président.
La première conférence de presse de Marcelo Bielsa pouvait déjà mettre la puce à l'oreille. Après sa première intervention médiatique, où il avait poliment redirigé les journalistes mécontents de l'austérité de la Commanderie vers son président, "El loco" avait aussi fait comprendre qu'il n'avait pas son mot à dire sur le recrutement.
Des propos qui n'avaient pas totalement convaincu l'auditorium, à raison sceptique. Comment Marcelo Bielsa, l'homme qui ne se laisse jamais faire, pourrait-il accepter pareille situation ? Lorsque son arrivée n'était pas encore actée, tout le monde s'accordait à dire que son futur recrutement s'inscrirait en totale rupture avec le tandem omnipotent Labrune-Anigo. Mais finalement...
Finalement, après son intervention choc de jeudi dernier, les choses semblent bel et bien se passer comme étrangement décrites par le principal intéressé. À l'OM, Bielsa n'aurait pas son mot à dire concernant les joueurs écartés ou les transferts. Pis encore, son avis ne serait même pas consulté, à l'image de l'arrivée de Doria qu'il ne souhaitait pas voir débarquer, contrairement à une douzaine de noms dont aucun n'a été retenu par la direction.
Comment Vincent Labrune a-t-il convaincu Marcelo Bielsa de rejoindre l'OM ? En lui faisant "des promesses qu'il savait qu'il n'allait pas tenir", selon les dires du technicien argentin qui a laissé éclaté tout son ressentiment en public. Depuis le début, Bielsa communique avec Labrune par médias interposés, sans que le second ne prenne soin de lui répondre. En fait, leur relation, glaciale au demeurant, est quasi inexistante depuis que "le Fada" a posé ses valises sur le Vieux-Port.
"C’est simple, je ne le vois jamais. Quand il veut me dire quelque chose, il envoie son traducteur ou Diego Reyes dans mon bureau", confessait ainsi Labrune à L'Équipe au mois de juillet dernier. Cette-fois, l'embrasement de la situation et l'urgence de la régler vont très certainement réunir les deux hommes.
Depuis son lieu de vacances, le président olympien a répondu à La Provence pour caler un rendez-vous qui s'annonce explosif : "Je suis très surpris, c'est le moins que l'on puisse dire ! Nous avons bâti l'effectif en tenant compte le plus possible de la feuille de route de Marcelo (...) J’aurais une discussion à ce sujet avec le coach à mon retour."
De sa propre définition, Marcelo Bielsa est un homme d'action beaucoup plus que de paroles. Osera-t-il donc envoyer les papiers du divorce, trois mois seulement après son arrivée ? À l'écouter, les événements ne prennent pas cette direction.
"Je suis ici et je vais assumer mes responsabilités. Mais je répète : le projet initial ne correspond pas à la réalité. Si j'ai pensé partir ? Non. J'assume tous les résultats sportifs. Mais je ne veux pas être responsable de la manière dont le projet a été conçu", a-t-il ainsi déclaré lors de sa dernière conférence de presse.
Dans ses propos, volontairement apaisés et apaisants depuis sa villégiature, Vincent Labrune ne semble pas non plus avoir d'aussi sévères velléités. Quoi qu'il en soit, dans ces circonstances, difficile d'imaginer que le couple continue de faire chambre à part pendant trois ans, durée officielle du contrat.
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