Enfin, la Cannebière et le Vieux Port semblent soulagés en ce jeudi 14 avril, Margarita Louis-Dreyfus a officiellement mis l'Olympique de Marseille en vente. Pour les supporters, c'est un soulagement et le début de la fin d'un règne de près de 20 ans qu'ils ne jugent pas assez florissant (1 titre de champion de France et 3 Coupes de la ligue). Tous espèrent voir arriver un riche investisseur capable de proposer une politique d'investissement forte et un développement du club à même de le rendre compétitif sur la scène européenne.
Mais c'est sans doute aujourd'hui la phase la plus compliquée qui s'ouvre pour les propriétaires et les fans. En effet, l'OM n'est pas ce qu'on appellerait aujourd'hui un club hyper attractif. S'il dispose de beaucoup d'atouts, il pâtit également de défauts structurels et conjoncturels qui peuvent faire capoter une transaction.
Hormis le climat et le charme de la Provence, qui peuvent jouer quelque peu, le prestige de l'Olympique de Marseille peut attirer des investisseurs. L'OM est le club le plus populaire en France, celui qui fait le plein en déplacement et qui garantit une exposition médiatique hexagonale maximale. Un Marseille au top passionne la presse, un OM en difficulté intrigue. Il ne laisse jamais indifférent. Pas besoin donc de susciter l'enthousiasme.
De plus, le club reste une marque en Europe et peut compter sur un merchandising et des outils de promotion et de communication développés. S'offrir l'OM, c'est pouvoir donc s'asseoir dans un châssis de Formule 1 en France et d'un jolie Berline en Europe. Il faudra alors s'atteler ensuite à y mettre le moteur et le carburant pour en faire un bolide.
Pour maximiser ces atouts, Vincent Labrune n'a pas ménagé ses efforts. En effet depuis trois saisons, si les ambitions de l'OM n'ont cessé de baisser ce n'est pas uniquement à cause des choix plutôt désastreux en terme de politique sportive, c'est aussi dû à l'obligation d'assainir les comptes du club en limitant l'investissement. Et sur ce plan c'est mission accomplie. Le président Labrune a fait en sorte que les comptes soient nets, sans trou à combler. Et en prime, le futur repreneur serait propriétaire d'un centre d'entraînement flambant neuf doté des outils les plus récents.
Côté joueurs, s'il n'y a pas de grandes stars, il n'y aura pas de gros contrats a assumer. Les joueurs à potentiel sont encore sous contrat avec une valeur marchande certaine. Ce dernier point offre le choix à un futur entraîneur de les garder s'il les juge de qualité et à son goût. Dans le cas contraire il y aurait sans doute des acheteurs outre-Manche pour Michy Batchuayi ou Benjamin Mendy. Les joueurs en fin de contrat (Mandanda, Nkoulou) ou en prêt (Cabella, Thauvin, Manquillo, Isla...) ne seront quant à eux pas "encombrants". Il y a un effectif à construire et une page quasi blanche à remplir.
Tout n'est pas idyllique dans ce tableau sur fond de Bonne Mère et de ciel azur. Il existe bel et bien des freins rédhibitoires pour certains. En premier lieu, le stade Vélodrome. Véritable bijou depuis sa rénovation, il offre un potentiel de 65.000 spectateurs. Un écrin à même de faire entrer beaucoup d'argent. Le club n'en est toutefois pas propriétaire. L'OM verse aujourd'hui 4 millions d'euros par an, auxquels il faut ajouter une part variable, pour le louer . Une rareté en Europe à ce niveau. Pour venir au PSG, il ne faut oublier que les Qataris avaient pour cible l'exploitation du Parc des Princes via un bail de très longue durée.
Depuis 2014, le PSG a signé un bail de 30 ans avec la mairie de Paris et exploitera donc l'enceinte à sa guise durant cette période. De quoi justifier l'investissement de 75 millions d'euros pour la modernisation d'un stade où le confort est aujourd'hui optimal, de même que la sécurité. Le Parc des Princes est devenu un atout économique pour le PSG, et non un fardeau. Rien ne se passe au Parc des Princes, pas même le match d'une équipe de France, sans l'aval du club. C'est loin d'être le cas à l'OM, qui ne récupérera que l'année prochaine l'exploitation des abonnements en virages après 30 ans d'anomalie.
Dans la ville de Pagnol et d'IAM, on a le verbe haut et la phrase assassine facile. De fait, dans une ville qui vit pour son club, le soutien peut être un accélérateur de résultats. Mais quand le mécontentement point, la pression devient un inhibiteur puissant. Preuve en est la série de 7 mois sans victoire à domicile pour les hommes de Michel, sans doute tétanisés par des supporters devenus menaçants au point de forcer les joueurs à sortir dans des coffres de voitures ou des véhicules banalisés. Une tache noire sur le CV du club. Les investisseurs modernes, du type QSI au PSG avec le plan Leproux, veulent des spectateurs sages, avec un pouvoir limité sur le club.
Tantôt légende urbaine, tantôt fantasme mais entretenu par des faits divers convergeants, le contexte autour du club peut aussi inquiéter un éventuel repreneur. Home jacking, perquisitions, enquêtes et cambriolages sont devenus une routine qui revient de temps en temps alimenter la sulfureuse réputation d'un club qui serait gangrené par "le milieu". Exagérée ou même fausse, la réputation colle à la peau et peut faire peur à des candidats à la reprise.
Ces derniers mettront sans doute du temps avant de formuler des offres pour un joyau du football français dont le système de fonctionnement est trop désuet pour être vendable en l'état. D'autant que les contours des conditions de vente sont encore incertains. Certes, Margarita Louis-Dreyfus a déclaré que le prix n'était pas une priorité mais elle en voudra sans doute une somme rondelette. Si le chiffre de 100 millions d'euros était évoqué, ce serait un jackpot pour elle aujourd'hui. Le PSG avait été vendu entre 40 et 50 millions d'euros aux Qataris. L'OM ne ressemble pas à un produit deux fois plus attractif aujourd'hui. D'ailleurs, la véritable clé pour la vente sera la capacité d'investissement post-achat des futurs repreneurs.
En effet le tout n'est pas d'acheter le club, encore faut-il avoir les reins solides et investir dans la foulée dans des joueurs, l'encadrement technique, la cellule de recrutement et la formation. Toujours en se référant au PSG, l'investissement en joueurs en est à 550 millions d'euros. Même s'il s'agit d'une fourchette haute, il faudrait sans doute entre 100 et 150 millions d'euros pour rétablir le club dans le haut du classement et investir en coulisses pour renforcer les bases de l'institution. Les exemples à suivre pourraient être l'Atletico Madrid et la Juventus Turin, finalistes de la Ligue des champions en 2014 et 2015, avec des budgets qui oscillent entre 250 et 300 millions d'euros et des masses salariales très maîtrisées.
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