Abou Diaby : un retour en sentinelle
DÉCRYPTAGE - Replacé en milieu défensif après un an et demi d'absence, Abou Diaby va tenter de rejouer au football et de rendre payante l'idée de son entraîneur.
Le 1er mai 2006, lors d'un match de Premier League opposant Arsenal à Sunderland, le défenseur Dan Smith a peut-être ruiné la carrière d'Abou Diaby. Déjà sujet aux blessures, l'international français est vigoureusement taclé par le joueur des Black Cats, qui lui inflige une fracture de la cheville dont il ne se remettra jamais vraiment. Malgré plusieurs opérations, le longiligne milieu tricolore n'a jamais pu revenir durablement sur les terrains et a contracté pas moins de 40 blessures depuis cette année fatidique.
Après 153 minutes jouées depuis une semaine (90 avec la réserve des Gunners et 63 en League Cup avec l'équipe première), Abou Diaby revient sur le devant de la scène, sans aucune prétention. Toute ambition de (re)devenir un élément clé de l'équipe londonienne serait évidemment bien trop osée et très certainement raillée par tous ceux qui lui ont a juste titre affublé le surnom "d'homme de verre".
Pourtant, du haut de son mètre 88, l'ancien auxerrois a toujours dominé sa peur de ne jamais rechausser les crampons. À force de courage, une qualité vantée par Arsène Wenger, Abou Diaby est à nouveau de retour. Pour que le sort ne s'acharne pas une énième fois, son entraîneur a d'ailleurs décidé de le faire évoluer à un poste nouveau, censé lui épargner les déboires physiques auxquels il est tant habitué.
Replacé en milieu défensif
Les rechutes à répétition ont montré qu'Abou Diaby n'était au pire plus capable de jouer au football à haut niveau, au mieux que son physique ne supportait plus de prendre des coups. Son travail avec Renaud Longuèvre (entraîneur de Ladji Doucouré, de Muriel Hurtis ou de Heloïse Lesueur), n'aura pas suffi à le remettre sur pied et à gommer tous les déséquilibres de son corps meurtri.
La solution serait-elle autre ? Arsène Wenger le pense. Fermement décidé à protéger ses joueurs des blessures à répétition (il a notamment diligenté une enquête sur la qualité de son staff médical en mars dernier), le technicien alsacien tente un coup de poker en attribuant à Diaby un nouveau rôle sur le terrain. Celui de sentinelle devant la défense, pour reprendre le terme qui incombe désormais au poste de milieu défensif.
Avantages et inconvénients du poste
Arsène Wenger part du postulat que face au jeu, l'international français (16 sélections) sera moins exposé aux coups de ses adversaires. Une idée qui reste tout de même à vérifier, puisque le rôle d'un milieu défensif est tout de même d'aller au contact des attaquants pour récupérer les ballons. En passant "de l'autre côté", tout laisse à penser qu'Abou Diaby gérera tout de même mieux les duels.
Mais le milieu à vocation offensive sera-t-il aussi à l'aise dans une position plus reculée ? Ses indéniables qualités de relance, la faculté qu'il a de prendre le ballon dans les pieds de ses adversaires, de le conserver et de le protéger en font un candidat tout désigné. Reste à savoir si sa volonté d'aller "box to box" sera canalisée et si Wenger pourra se passer à long terme de son apport offensif.
Un poste qui pourrait lui rouvrir la porte de l'équipe de France
Mathieu Flamini et Mikel Arteta n'ont pas le profil d'Abou Diaby. Plus rugueux, ils ne correspondent pas tout à fait à un milieu de terrain qui possède le ballon la plupart du temps. Grâce à sa qualité technique, à la propreté de ses passes et à un physique imposant, Abou Diaby pourrait être celui dont Arsenal manque cruellement.
Et ce profil mis devant la défense ne rappelle-t-il pas quelque chose ? C'est bien à cet endroit du terrain que Didier Deschamps a cantonné Yohan Cabaye, habitué à évoluer plus haut sur le terrain. Son profil technique pourrait se révéler être une arme non négligeable (et non négligé depuis sa première sélection en 2007) pour le sélectionneur français qui l'aime autant que Blanc et Domenech avant lui.
S'il reste intact pendant une période suffisamment longue pour croire à un retour définitif, il y a fort à parier qu'Abou Diaby portera de nouveau la tunique bleue. Les profils de Paul Pogba et de Blaise Matuidi, capables de récupérer les ballons et de le couvrir, pourraient être un argument supplémentaire. D'ici-là, Arsenal jouera ce week-end un derby des plus tendus face aux rivaux de Tottenham. Wenger prendra-t-il le risque de l'aligner dans une rencontre aussi âpre ?
