Google dorlote les Youtubeurs. Au coeur du 9e arrondissement de Paris, à quelques encablures de la gare Saint-Lazare, le géant américain a inauguré jeudi 1er octobre à Paris son premier YouTube Space français. Dans les sous-sols du vaste hôtel particulier qui abrite ses locaux parisiens depuis 2011, au détour de couloirs bariolés, d'open-space flambant neufs et de banquettes colorées à l'effigie de la marque, une porte battante flanquée du carrelage du métro débouche sur un espace de 350 mètres carrés dédié aux créateurs de vidéos en ligne français.
Après Londres, Los Angeles, Tokyo, New York, São Paulo et Berlin, c'est déjà le septième YouTube Space ouvert par Google dans le monde et le troisième en Europe, où plus de 25.000 créateurs sont venus assister aux ateliers et événements qui s'y déroulent et produire des contenus. Les YouTube Space londonien et berlinois ont accouché de plus de 1.500 vidéos originales qui ont été visionnées à plus de 225 millions de reprises, soit l'équivalent de 16 millions d'heures de visionnage. En Europe, 3 millions d'utilisateurs gagnent de l'argent en publiant des vidéos sur la plateforme.
Pour Google, ouvrir un espace à Paris relève de l'évidence. 30 millions de Français se connectent à YouTube au moins une fois par mois. Le temps qu'ils passent sur la plateforme a augmenté de 60% en un an. Signe de ce dynamisme, 47 chaînes YouTube françaises comptent plus d'un million d'abonnés. Les Youtubeurs les plus connus (Norman fait des vidéos, Studio Bagel, Enjoy Phoenix) sont devenus des figures de la culture populaire. Courtisés par les marques, leur rayonnement dépasse le cadre de la plateforme dont ils sont désormais des ambassadeurs.
"Le YouTube Space parisien veut accompagner tous les créateurs au quotidien en leur donnant accès à des outils de création et d'optimisation de vidéos qu'ils n'auraient jamais pu utiliser sans boîte de production derrière", explique Sébastien Perron, directeur des partenariats YouTube en France. L'espace est structuré autour de trois axes : "Apprendre, partager et créer", résume David Rippert, responsable des YouTube Space européens. Il comprend un studio de tournage, une salle de formation et de projection, une salle de montage et un café à la terrasse typiquement parisienne. Pour y accéder, une seule condition : ils doivent compter au moins 1.000 abonnés sur leur chaîne YouTube.
Les créateurs de vidéos peuvent dès à présent s'inscrire en ligne pour utiliser le studio de 80 m² et ses caméras dernier cri, assister aux cours et aux ateliers formations (qui affichent déjà complet en octobre) où leur seront dispensés des conseils pour apprendre à monter sa chaîne YouTube, développer son audience, monétiser sa chaîne et des techniques de montage, de tournage et de post-production par des professionnels. L'espace se veut aussi hautement collaboratif. Le café doit servir de lieu de rencontre entre Youtubeurs émergents et confirmés. Des événements comme les Apérotubes seront régulièrement organisés pour créer des passerelles entre les créateurs et les marques, les artistes ou les sportifs.
Quatre à cinq personnes sont employées à plein temps dans l'espace qui est ouvert pour l'instant entre 9h et 18h du lundi au vendredi mais devrait rapidement proposer des sessions de nuit et week-end et accueillir des grands noms de la réalisation pour des sessions extraordinaires. Assurés de garder la totalité des droits de leurs vidéos et leur liberté éditoriale, les Youtubeurs sont aux anges. "Voir YouTube investir en nous et nous soutenir, c'est une vraie reconnaissance", se réjouit Gonzague, dont la chaîne approche du million d'abonnés. "Ça va faire émerger de nouvelles idées chez plein de jeunes Youtubeurs", abonde Bruce Benamran, dont la chaîne de vulgarisation scientifique ePenser est suivie par 200.000 fidèles.
Tous ces moyens sont mis gratuitement à disposition des Youtubeurs par Google. "Nous voulons aider les jeunes créateurs à construire des opportunités de carrière et à gagner de l'argent en finançant leurs contenus", souligne David Rippert. Ce mécénat numérique permet au géant américain d'accélérer la montée en gamme de sa plateforme vidéo en encourageant les créateurs de chaîne à produire des contenus plus qualitatifs et mieux monétisés. Et, in fine, d'augmenter ses revenus : les recettes publicitaires générées par les vidéos sont partagées entre les auteurs et Google.
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