Yves Saint Laurent a consacré sa vie à la mode. Œuvrant au début de sa carrière pour Christian Dior, il fondera avec son compagnon Pierre Bergé sa propre maison de couture en 1961. Un empire du luxe qui va bouleverser les codes vestimentaires de l'après-guerre et dont certaines créations restent, sept ans après la mort de son créateur, des pièces incontournables.
Le jeune homme originaire d'Oran, en Algérie, va dès les années 60 s'affranchir des patrons classiques pour réinterpréter les courbes féminines.
En 1962, Yves Saint Laurent réinvente spécialement pour les femmes la veste portée par les soldats français et anglais pendant la Première Guerre mondiale. Longueur raccourcie et taille resserrée... Ses quelques modifications font de ce manteau une pièce phare de la maison de couture.
Ligne droite, quadrillage coloré, la robe Mondrian est reconnaissable d'un simple coup d’œil. Présentée pour la première fois lors du défilé automne-hiver de 1965, la presse et les critiques s'enthousiasment de cette création librement inspirée par l'artiste Piet Mondrian. Le New York Times parle de la "meilleure collection" et le titre de mode Women's Wear Daily proclame Yves Saint Laurent "Roi de Paris".
Un an plus tard, le couturier propose à ses mannequins de revêtir un smoking. Grâce à des décolletés interminables, le créateur va rendre cette pièce résolument masculine extrêmement populaire auprès de la gente féminine.
Inspiré par sa collection de 1967 dédiée à l'Afrique, Yves Saint Laurent présente l'année suivante la saharienne. Une blouse beige ornée de poches fermées par de gros boutons sombres qui donne un air de baroudeuse à toutes les femmes qui la porte. Après le défilé le couturier explique, "Je pris soudain conscience du corps féminin. Je commençais à dialoguer avec la femme et à prendre conscience de ce qu'est une femme moderne."
Je commençais à dialoguer avec la femme et à prendre conscience de ce qu'est une femme moderne
Yves Saint Laurent, en 1968
L'esprit de rébellion de mai 68 a impacté l’imagination du créateur qui présente cette année-là une collection choquante composée des robes "see-through" (voir au travers, ndlr) laissant transparaître les poitrines des mannequins. Les attributs féminins ainsi exhibés horrifient la très puritaine presse américaine.
La controverse autour de l'oeuvre d'Yves Saint Laurent ne se cantonnera pas à ce défilé soixante-huitard. Lors du défilé printemps-été 1971 le petit génie de la mode choque avec des modèles inspirés de l'Occupation. La fondation Pierre Bergé - Yves Saint Laurent revient sur cette collection scandaleuse dans le cadre d'une exposition qui se tient jusqu'au 19 juillet 2015.
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