Isabelle Morini-Bosc : "'À l'état sauvage' fait de Michaël Youn un homme nouveau"

C'est sûr, le temps va de nouveau se couvrir, dans tous les sens du terme. C'est donc le temps qu'il fait qui va surtout nous préoccuper. Mais le temps qui passe est en fait tout aussi inquiétant, qui s'assombrit par exemple pour certains grands magazines, comme l'Express, sans oublier les "grands désaccords sur fond d'accord", comme cette décision du Conseil de la concurrence de retoquer le projet d'entente à priori cordial entre BeInSport et Canal+.

C'est donc reparti pour une "actu chaude" qui va plus rebondir que les ballons de l'Eurofoot. Au point que, avant les grandes manœuvres, ce serait bien de faire une pause. De rappeler une nouvelle fois que la télé, c'est aussi des images, et des chaînes cherchant toujours avec l'énergie du désespoir (pardon, de l'espoir) les bonnes émisssions capables de retenir un large public plusieurs semaines de suite. C'est le principe de la boîte de biscuits : c'est quand même mieux, aussi belle soit-elle, qu'elle soit remplie de cookies.

"À l'état sauvage", une réussite

À ce propos, je viens précisément de découvrir 2 pépites, de chocolat ou pas, avec deux programmes basés sur l'effort puis le réconfort. De la même façon que César disait, "je suis venu, j'ai vu, j'ai vaincu". Moi, je suis venue, j'ai vu, j'ai été convaincue. D'abord par À l'état sauvage, un film documentaire dans lequel Mike Horn (quels avants-bras) emmène une "célébrité" sur un sol aussi lointain qu'inhospitalier. Surtout inhumain pour tout individu qui considère que Ibiza et ses bains de mousse, c'est le summum de l'aventure à risque. Le premier à "mouiller le maillot" en Namibie, c'est Michaël Youn, mais il le fait presque "à l'insu de son plein gré", pour reprendre une expression des Guignols.

Il va chercher la vie à la dure pour se trouver, mais il sait que, d'abord, ça ne va pas lui plaire. Le simple fait de transpirer abondamment le fait déjà doublement suer ! Surtout après 50 kilomètres de marche par jour de moyenne. Le roseau de Lafontaine pliait sans rompre, Mikaël est rompu sans plier. Puis, peu à peu, on voit poindre un homme nouveau, et naître une belle amitié virile. Une vraie histoire d'hommes sur fond de scènes cocasses. La nuit; sous le regard des hyènes avec un Mike Horn impassible murmurant "Garde ton couteau près de toi", l'omelette d'autruche ensevelie sous la cendre, ou encore un divin bain de boue. Ils n'ont rien, mais À l'état sauvage est un tout. Une réussite.

"Ninja Warrior" : un casting convaincant

Autre émission qui mérite le succès : Ninja Warrrior, au sommet depuis 18 ans au Japon, adapté à partir de juillet sur TF1. Là, pas de frime : de l'action, nos réactions. Imaginez 33 épreuves physiques sur un plateau cannois de 7.000 m², et des candidats déterminés venus avec leur histoire personnelle. Ils évoluent, ils s'évaluent : la coach sportive longtemps clouée sur un fauteuil roulant après un accident, la spectaculaire danseuse de pole dance (naguère blessée) plus concentrée que du lait sucré, le grand-père surdoué de 64 ans, l'acrobate du cirque du soleil venu spécialement de Las Vegas. Avec 300 mètres cube de piscine, Ninja Warrior ne manque pas d'eau mais là, c'est surtout TF1 qui là, ne manque pas d'air. Pour le bon motif.