Dans Le grand partage, Alexandra Leclère fait rentrer les catégories sociales en collusion. La réalisatrice a imaginé une société où une loi oblige les propriétaires de grands appartements à accueillir au moins une personne en situation défavorisée chez eux. C'est le cas du personnage de Karin Viard, bourgeoise du 16e arrondissement aux idées étriquées. Le film est en salles le 23 décembre.
"C'est le talent d'Alexandra : avoir des sujets qui toujours grattent, mais qui correspondent à quelque chose, estime Karin Viard dans Laissez-Vous Tenter. Elle est sociologique. Elle a écrit ce film il y a 7 ans, mais il a un écho avec l'actualité. Mais il est tellement burlesque que ça échappe au sujet politique et social. Mais sous la blague, il y a un message qui est envoyé."
Le politiquement correct ne m'intéresse pas tellement
Karin Viard
"C'est un registre qui me plaît comme d'autres, poursuit Karin Viard. Le politiquement correct ne m'intéresse pas tellement. J'aime bien quand ça gratte, parce que je trouve que le rire naît de ça. Ce qui me fait rire, c'est la veulerie, la méchanceté, quand quelqu'un dit quelque chose qu'il n'oserait pas dire normalement. Le film regorge de ce genre de choses."
Karin Viard partage notamment l'affiche avec Didier Bourdon, qui joue son mari, et dont le personnage est tout aussi conservateur que le sien. Dans ce couple de cinéma, il n'y a guère plus d'amour, mais la bourgeoise jouée par Karin Viard s'accroche à son mariage.
Mon personnage est le dinosaure d'une catégorie sociale
Karin Viard
"Moi j'adore mon personnage. Elle est affreuse mais je l'aime infiniment, confie l'actrice sur RTL. Ce que j'aime, c'est que c'est quelqu'un qui résiste absolument. Sa mère, sa grand-mère ont été comme ça, elles ont été programmées pour servir l'homme, elles ne sortent pas du 16e ou 8e arrondissements. Le Bataclan, elle ne sait même pas ce que c'est. Cette vie montre qu'on ne peut plus compter sur le mariage pour être protégée, et elle s'y accroche. C'est le dinosaure d'une catégorie sociale."
Josiane Balasko est aussi à l'affiche du Grand partage. Elle incarne une concierge réactionnaire, qui voudrait pouvoir "choisir le pauvre" qu'elle accueillera chez elle. "La difficulté, c'est de libérer la parole et de ne pas dire n'importe quoi, estime Karin Viard. On est dans le domaine de la fiction. (Ces personnages, ndlr) sont évolutifs. Ils partent d'un certain point et à l'épreuve de la réalité, ils se transforment. Ils rencontrent de l'empathie, et finalement ils sont assez sauvés. On voit toutes les ambivalences qu'il peut y avoir."
"Josiane est une facho qui monte un réseaux pour choisir son pauvre, c'est quand même affreux !, souligne Karin Viard. Tous ces acteurs sont venus parce que les rôles sont vraiment savoureux à jouer. Et il n'y a pas d'ambiguïté sur le propos. Josiane, c'est une vraie militante de gauche. On n'est pas mal à l'aise. Évidemment, ce n'est pas ce qu'ils pensent. C'est une grande farce, une grande blague."
Cependant, Karin Viard ne se verrait pas dans la situation de son personnage. "Jamais je ne partagerais mon intimité avec quelqu'un, affirme l'actrice, qui a réfléchi à cette problématique en tournant dans ce film. Ce n'est pas la solution. Il faut organiser quelque chose pour que ces gens ne meurent pas de froid. Cette chose vertueuse au départ peut se révéler cauchemardesque. Il suffit de voir comment ça se passe quand on partage une maison de vacances avec des amis !"
Récemment, Karin Viard s'est illustrée en femme libérée dans 21 Nuits avec Pattie, des frères Larrieu, et dans Lolo de Julie Delpy. "Je deviens la chaudasse du cinéma français, plaisante l'actrice. Julie Delpy, j'aime beaucoup son cinéma, son audace, sa liberté. Les copines sont toujours un peu libérées quand elle est coincée. Pourquoi ne pas le faire ? Ça me fait rire. Les frères Larrieu, je les suis au bout du monde. Quand j'ai lu la partition, je rougissais dans mon lit. Le résultat est assez chouette, c'était difficile parce qu'il fallait rester appétissante, gourmande, joyeuse, avec un texte très écrit. Ce n'est que du travail. Et on ne voit rien, on ne voit pas un téton, ce n'est que dit."
Karin Viard sera en 2016 à l'affiche des Visiteurs 3 : la Terreur, dans lequel elle interprète une bourgeoise refusant de voir la fin de ses privilèges. "D'une certaine façon, ce n'est pas si éloigné d'une période un peu troublée qu'on vit en ce moment, estime Karin Viard. Les gens ne supportent pas de ne plus avoir leurs privilèges."
"C'était très bien écrit, très foisonneux, dit-elle à propos du scénario. Quand je suis arrivée sur le tournage, avec tous les décors et les figurants, je me suis rendue compte que je n'ai jamais fait ce cinéma. C'est filmé par Jean-Marie Poiré, qui est juste dingue, un ex-punk qui est punk tout le temps. Alors qu'on pourrait être accablé par le projet, il est extrêmement libre. J'ai adoré ça." Le film sortira le 6 avril 2016.
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