Jean-Louis Fournier poursuit sa saga familiale avec "Ma mère du Nord"

Jean-Louis Fournier publie ce jeudi son nouveau livre, Ma mère du Nord, la suite de sa saga familiale. Et cette mère du Nord, c'est celle qui lui a donné le jour, Marie-Thérèse. Jean-Louis Fournier avait commencé il y a 16 ans par raconter son père, médecin alcoolique, dans Il a jamais tué personne, mon papa, puis ses deux fils handicapés dans Où on va papa?, son épouse disparue avec Veuf et sa fille confite en dévotion dans La servante du Seigneur. Pourquoi a-t-il attendu si longtemps pour écrire sur sa mère ?
"J'ai gardé le meilleur pour la fin. S'il n'y avait eu qu'un seul livre à écrire sur ma famille, c'eût été sur ma mère, parce que je pense qu'elle était pour moi absolument essentielle", confie l'écrivain. "Comme je suis affligé d'une maladie terrible qui s'appelle la pudeur sentimentale, que je ne sais pas dire aux gens que je les aime... C'est avec ceux qu'on aime le plus que le problème se pose le plus. Là, je lui ai fait une déclaration, mais je ne peux faire des déclarations que en les écrivant. Oralement, je suis infirme."

Humour noir et tendresse

Ce qui fait le succès des livres de Jean-Louis Fournier, c'est l'humour noir qu'il mêle comme personne à la tendresse. Avec Ma mère du Nord, le ton a évolué, Jean-Louis Fournier garde certes le sens de l'anecdote cocasse, loufoque, il préférera toujours le rire aux larmes pour dire ici la cruauté d'une vie abîmée par l'alcoolisme de l'homme que Marie-Thérèse a follement aimé. Mais l'émotion prend le dessus dans ce tendre portrait d'une femme à la pudeur farouche. À tel point que nous avons demandé à Jean-Louis Fournier si ce n'était pas la trahir que de l'exposer ainsi.
"Vous ne m'entraînerez pas dans ce travers", se défend Jean-Louis Fournier. "Ma mère je suis en train de lui donner de la survie, et je ne voudrais pas qu'on ne se souvienne pas d'elle. Je pense que je fais mon devoir, comme j'ai essayé d'en bien parler, je pense qu'elle ne va pas avoir honte d'être dans ce livre, parce que c'est un livre dans lequel elle va vraisemblablement se sentir bien."

Elle a vécu entourée de consolateurs : Chopin, Verlaine... (...) C'est ça qui l'a fait tenir, les belles choses.

Jean-Louis Fournier

Marie-Thérèse qui avait renoncé à son métier de prof de français pour élever ses quatre enfants et qui traversera les épreuves avec un courage admirable. "Je crois qu'elle a vécu entourée de consolateurs : Chopin, Verlaine... Ils sont pour nous tous des bienfaiteurs de l'humanité, si on n'avait pas tous ces gens-là, la vie serait beaucoup moins drôle et moins supportable. C'est ça qui l'a fait tenir, les belles choses", raconte Jean-Louis Fournier.

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