Parmi les livres de la rentrée figure le 3e roman de Carole Martinez, intitulé La terre qui penche, paru chez Gallimard. Elle n'est pas la plus médiatisée des romancières mais elle a su séduire un large public dès son premier livre en 2007. Le cœur cousu avait été porté par un spectaculaire bouche-à-oreille jusqu'au sommet des ventes, avec plus de 400.000 exemplaires écoulés. Le roman avait aussi été auréolé de 9 prix, pour la plupart des prix de lecteurs. Nouveau succès en 2011 avec son deuxième roman, Du domaine des Murmures, prix Goncourt des lycéens.
Cette affection du public, Carole Martinez la doit à ses formidables portraits féminins, des femmes en révolte contre la domination masculine. L'héroïne du Cœur cousu, perdue au jeu par son mari, s'enfuit avec ses enfants sur les routes d'Andalousie au 19e siècle. Celle du Domaine des Murmures, au 12e siècle, choisit de vivre en recluse pour échapper à un mariage forcé.
Mon héroïne, Blanche, est une rebelle
Carole Martinez
C'est encore une figure féminine insoumise que l'on retrouve 200 ans plus tard, au 14e siècle, toujours au Moyen-Âge et au domaine des Murmures, dans La terre qui penche. Blanche a 11 ans et elle est affamée du savoir qu'on lui interdit. "C'est une rebelle. Elle a décidé qu'il était très important pour elle d'apprendre à lire et à signer son nom. Comme son père s'y oppose et considère qu'une femme instruite, c'est le diable dans la maison, Blanche vole les lettres nécessaires pour écrire son prénom", explique Carole Martinez.
L'autre talent de Carole Martinez qu'apprécient ses lecteurs, c'est son sens du merveilleux, du conte. L'héroïne du Cœur cousu possède le don de recoudre tout ce qui se déchire, les tissus, les corps, les cœurs, celle du Domaine des murmures réalise des miracles du fond de sa réclusion. La terre qui penche est peuplé d'ogres, de fées, de sortilèges et la petite Blanche dialogue avec son âme, en errance 6 siècles plus tard. "Ma grand-mère était une conteuse extraordinaire. Je suis née dans une cuisine - car ma grand-mère habitait dans cette pièce, avec les parfums de cette cuisine, son imaginaire, et j'ai été contaminée. Parfois j'aimerais pouvoir me départir de ce merveilleux mais c'est plus fort que moi, ça revient tout le temps", sourit la romancière.
L'enchantement de ce 3e livre opère aussi par la magie du lieu, ce château-fort des Murmures que Carole Martinez a décidé de percher sur la vallée de la Loue dans le Jura. "Je l'ai trouvée dans un guide. Il y avait des photos magnifiques. Je suis très attachée aux noms propres et donc ça a activé mon imaginaire, d'autant plus que Courbet aurait peint L'Origine du monde à peu près en même temps que La Source de la Loue, et qu'il aurait voulu créer un lien entre les deux toiles", s'émerveille l'écrivain. Enfin, le dernier charme de La terre qui penche, ce sont les ritournelles d'antan dont Carole Martinez ponctue son récit.
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