C'est à lire : "Tout ce qu'on ne s'est jamais dit", de Céleste Ng

Nous sommes au début des années 70. Lydia Lee a 16 ans. Elle vit dans un bled de l'Ohio, en famille, avec père, mère, frère et sœur : James, Marylin, Nathan et Hannah. Au lycée, elle est brillante, voire plus. Mais dans la rue, les ados qui la croisent tirent sur le coin de leurs yeux et font "tching tchong… tching tchong…". Les ancêtres de James sont venus de Chine en Californie, voici plus d'un siècle. Lydia Lee la métisse n'a pas d'ami, petit ou grand. Un matin, elle est absente au petit déjeuner. Son lit n'est pas défait. Cinq jours plus tard, elle est retrouvée noyée dans l'étang municipal, tout près de chez elle. Deux options : on l'a tuée ou elle s'est suicidée. Réponse aux toutes dernières pages de cette pure merveille de Céleste Ng : Tout ce qu'on ne s'est jamais dit. 

C'est un livre exceptionnel. D'une finesse absolue. Une fois refermé, vous aurez tout compris. Tout sur l'impossible intégration des Chinois en Amérique, éternel sujet de moquerie… et d'envie. Tout sur le déclassement des femmes dans ces années-là ; en l'occurrence les années Eisenhower. Tout sur l'impératif de réussite sociale quand on est à moitié chinois et que maman Marylin, 100% américaine, veut absolument vous envoyer à Harvard. Tout cela et bien plus encore, décortiqué dans ce premier et sidérant roman… Quel talent.

 "Tout ce qu'on ne s'est jamais dit", de Céleste Ng aux éditions Sonatine