C'est une surprenant reconversion pour Emmanuel Toschi. Ce collectionneur d'armes et ancien instituteur, comparaît mercredi 29 octobre avec quatre autres prévenus devant le tribunal correctionnel de Paris, accusé d'avoir vendu des armes de guerre au grand banditisme.
En septembre 2012, des policiers de l'Office central de lutte contre le crime organisé (OCLCO) découvrent un véritable arsenal militaire dans un box loué par Emmanuel Toschi à Danjoutin (Territoire de Belfort).
Une trentaine de fusils d'assaut et de fusils mitrailleurs, une vingtaine d'armes de poing, 30 kg d'explosifs, 53.000 cartouches et plus de 500 kg de munitions diverses s'y trouvent impeccablement rangés dans des armoires métalliques.
Des plans de fabrication d'armes, des pièces détachées et des machines outils, servant à usiner des armes neutralisées pour les "remilitariser" (les rendre à nouveau opérationnelles), sont retrouvés lors d'autres perquisitions dans une société d'outillage et aux domiciles de l'ancien instituteur et de sa mère.
Accusé de s'être livré à la fabrication et au commerce d'armes de guerre en bande organisée, Emmanuel Toschi risque 10 ans de prison. A ses côtés comparaissent deux hommes présentés comme des revendeurs d'armes pour le grand banditisme, Jean-Marie Secrettand, 69 ans, figure du milieu de la banlieue sud de Paris, et Christian Joanenc, 46 ans, gérant d'une supérette à Calenzana (Haute-Corse).
Un pharmacien proche de Toschi, Jean-Michel Cordonnier, 47 ans, et un détenteur d'un lot d'armes prohibées, Franck Busalb, 45 ans, sont également mis en cause.
L'affaire débute en mai 2012 par un renseignement anonyme dénonçant l'implication de Jean-Marie Secrettand dans un trafic d'armes. Des écoutes et filatures permettent vite aux enquêteurs de remonter jusqu'à Toschi.
L'ancien instituteur est un passionné d'armes depuis l'enfance. Il en a fait son métier en créant la société "Direct Import Ventures" avec laquelle il vend des silencieux par correspondance. Mais en 2012, un changement de législation qui assimile désormais les silencieux à des armes lui fait perdre les trois quarts de son chiffre d'affaires.
Selon ses dires, il accepte alors, pour se refaire, de vendre des armes, qu'il achète neutralisées et rend opérationnelles, à la demande de Secrettand et Joanenc, qu'il a rencontrés dans des foires et salons de collectionneurs.
Christian Joanenc sera interpellé en flagrant délit avec dans sa voiture 10 fusils d'assaut Kalachnikov, un pistolet mitrailleur Scorpion et un pistolet automatique Walther PPK qu'il venait d'acheter à Toschi.
Aucun élément tangible du dossier ne permet de le relier au grand banditisme
L'avocat d'Emmanuel Toschi
Pour sa défense, il expliquera avoir toujours rêvé de posséder "l'arme mythique" que représente le fusil AK47 (la fameuse Kalachnikov) et en avoir acheté un lot, qu'il savait pouvoir revendre en Corse, parce que l'arme n'était pas vendue à l'unité. Secrettand a, lui, reconnu deux transactions avec Toschi mais refusé de livrer les noms de ses commanditaires.
Quant à l'armurier, "aucun élément tangible du dossier ne permet de le relier au grand banditisme", affirme son avocat, Me Jacques Semionoff. Mon client "a certes franchi la ligne jaune en vendant ces armes", mais il pensait "avoir affaire à des collectionneurs", affirme-t-il.
La remilitarisation des armes neutralisées est considérée comme l'une des sources d'approvisionnement du marché illégal des armes en France, avec le trafic d'armes en provenance des Balkans et les ventes initiées par des collectionneurs et amateurs d'armes.
Au total, quelque 3 à 7 millions d'armes illégales circuleraient sur le territoire, selon des spécialistes de l'armement.
Selon les experts, une Kalachnikov neutralisée achetée 600 euros en Espagne peut être revendue 2.500 euros après sa remise en état et une arme de poing acquise 300 euros sera revendue 1.500 euros.
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