À partir de 2018, les revenus de l'épargne - c'est-à-dire les intérêts des placements des Français, qu'il s'agisse d'actions ou d'obligations - seront taxés aux alentours de 30%, quels que soient les montants concernés, quels que soient les revenus du contribuable par ailleurs. Les plus-values seront également taxées à ce taux unique. Deux exceptions toutefois : le Livret A, qui reste défiscalisé, et l'assurance-vie, qui conservera un régime spécifique.
Aujourd'hui, les revenus de l'épargne (ou du capital) sont taxés comme ceux du travail, avec l'impôt sur le revenu et son barème progressif, qui peut atteindre 45% pour les gros revenus. À cela s'ajoute environ 15% de prélèvements sociaux (la CSG et la CRDS). C'est-à-dire que pour les gros contribuables, l'épargne est aujourd'hui taxée à près de 60%. La réforme annoncée par Édouard Philippe revient donc à diviser par deux l'impôt sur les revenus de l'épargne des contribuables fortunés.
Car c'est incontestablement un cadeau pour les riches. Pour les contribuables modestes, rien ne changera, car ils auront intérêt à rester taxés comme aujourd'hui. Cela sera plus intéressant pour eux. Les contribuables modestes ne sont pas oubliés. Ils profiteront de la suppression de la taxe d'habitation. Pour les fortunés, la baisse de l'impôt sur l'épargne obéit au raisonnement suivant. Si l'impôt est plus faible, on espère qu'ils investiront davantage dans l'économie productive, c'est-à-dire dans les entreprises et la technologie, pour moderniser l'appareil de production français, parce qu'ils en attendront une meilleure rémunération. L'idée est que les ménages mobilisent leur épargne pour donner du carburant à l'économie.
Comment trouver le bon niveau de taxation des contribuables fortunés ?
François Lenglet
Cela peut fonctionner, si l'on se tient à un régime fiscal simple, pas trop pénalisant et stable. Les changements incessants de réglementation effrayent l'animal fiscal. La Suède, par exemple, a fait une réforme voisine il y a vingt-cinq ans. Elle en a tiré profit. L'Allemagne a également baissé la fiscalité du capital en dessous de 30%, comme l'Italie et l’Espagne. La France possède aujourd'hui l'un des régimes fiscaux les plus lourds pour l'épargne. Tout le pari, c'est que si l'impôt baisse, ce sera bon pour l'emploi et la croissance. Et le coût pour les finances publiques sera limité, puisque même si le prélèvement diminue les flux taxés seront plus important. Édouard Philippe évalue le coût budgétaire de la mesure à 1,5 milliard en 2018. Ça n'est pas rien quand même.
Faut-il donc amadouer les riches pour faire fonctionner l'économie ? C'est un problème pour tous les gouvernements depuis des siècles : trouver le bon niveau de taxation des contribuables fortunés. Il faut qu'il soit assez élevé pour être juste et procurer des recettes, et pas assez pour les faire fuir, sinon tout le pays est pénalisé. Un problème qui s'est encore accru avec la mondialisation et la disparition des frontières, puisque l'argent peut désormais circuler librement sur la planète pour échapper à l'impôt.
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