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Procès Bonnemaison : "Comparaître ici comme un criminel, c'est violent"

Accusé d'avoir empoisonné sept patients en fin de vie, l'urgentiste Nicolas Bonnemaison s'est exprimé ce mercredi 11 juin 2014 lors de l'ouverture de son procès devant les assises de Pau.

L'urgentiste Nicolas Bonnemaison à son arrivée pour son procès au tribunal de Pau le mercredi 11 juin 2014
Crédit : NICOLAS TUCAT / AFP
La rédaction numérique de RTL & AFP
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Au premier jour de son procès, qui devrait durer jusqu'au 27 juin aux assises de Pau, Nicolas Bonnemaison a évoqué sa véritable "passion" pour la médecine ainsi que son parcours marqué par des épisodes douloureux.

Les traits tirés, s'exprimant d'une voix calme et posée parfois empreinte d'émotion, le médecin de 53 ans a d'abord dit penser à ses patients et leurs familles. Parmi eux figurent les cinq hommes et les deux femmes décédés entre février 2010 et août 2011 dans une unité du service des urgences de l'hôpital de Bayonne où il travaillait, qu'il est accusé d'avoir empoisonnés.

On vit des choses fortes avec les patients en fin de vie, des choses qui marquent le médecin (...) Comparaître ici comme un criminel, un assassin, un empoisonneur, c'est violent

Nicolas Bonnemaison

Le médecin, qui encourt la réclusion criminelle à perpétuité, a ensuite raconté à la barre sa passion pour son métier, son rêve d'enfant. "J'ai toujours voulu être médecin", a dit le praticien, costume gris et cheveux courts, évoquant une "vocation" forgée auprès de son père, médecin et directeur de clinique, et sa mère infirmière.

Un parcours difficile

Le praticien, poursuivi pour "empoisonnement sur personnes particulièrement vulnérables", est aussi revenu sur ses blessures, où la mort rôde souvent: un père qui se tue à 58 ans en se sectionnant l'artère fémorale; les tentatives de suicide d'une soeur souffrant de troubles bipolaires ayant finalement mis fin à ses jours en 2012 ; et ses propres épisodes dépressifs pendant et après ses études qui l'ont mené à l'hôpital, comme patient, à plusieurs reprises.

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A la tête du service des urgences de l'hôpital de Bayonne à partir de 2004, Nicolas Bonnemaison évoque aussi des difficultés avec ses collègues, la "zizanie" quand il faut recruter, les "critiques", les "tensions". "Je me suis épuisé", raconte-t-il reconnaissant au passage une relation extra-conjugale avec une collègue entre 2007 et 2009 "conséquence", selon lui, de son état de "fatigue et de déprime" du moment.

Un médecin en capacité ?

Lors de cette première journée, le président Michel Le Maître l'a interrogé : "M. Bonnemaison, avez-vous fait des tentatives de suicide ?"

- "Non jamais. J'ai eu des idées suicidaires, mais je n'ai jamais menacé de le faire (...)".

- "Etiez-vous qualifié pour diriger un service aussi lourd que l'Unité d'hospitalisation de courte durée (UHCD) ?"

- "J'ai la conviction que j'étais en capacité de le faire. Quand je ne me suis plus senti en capacité, je me suis arrêté", répond le praticien, en référence à un arrêt de travail de plusieurs mois en 2009 lié à un état dépressif.

Nicolas Bonnemaison, radié de l'Ordre des médecins, est accusé d'avoir administré des médicaments hors du protocole de soins, sans recourir à l'avis d'autres médecins. Il aurait utilisé de l'Hypnovel, un puissant psychotrope, et au moins une fois du Norcuron, à base de curare, substance entraînant la paralysie des muscles respiratoires.

Le débat sur la fin de vie

A ce jour, aucune famille de victime n'a porté plainte. Seuls des proches de deux victimes se sont portés parties civiles, le dernier, Yves Geoffroy, l'ayant fait à la veille du procès.

Un argument qui sera sans doute repris par la défense, pour qui le procès de Nicolas Bonnemaison est avant tout celui de la "fin de vie", comme l'a dit l'un de ses avocats, Me Benoît Ducos-Ader. "On va avoir un véritable débat de société, tout le monde le veut, défense comme accusation", a-t-il estimé.

L'urgentiste pourra aussi compter sur le témoignage de Patricia Dhooge, épouse de Fernand Dhooge, l'une des sept victimes, qui le soutient et le dira aux jurés.

J'ai supplié (le Dr Bonnemaison) d'arrêter ses souffrances, la morphine ne lui servait plus à rien (...) Fernand savait ce qu'il voulait. Cela n'a pas été quelque-chose de brutal, on était là avec ses trois enfants, on a pu l'embrasser. J'attends que le Dr Bonnemaison soit acquitté"

Patricia Dhooge

Le procès intervient en plein débat sur une éventuelle réforme de la loi Leonetti du 22 avril 2005 sur la fin de vie, censée règlementer les droits des malades terminaux sans autoriser l'euthanasie, admise en Belgique ou aux Pays Bas.

Ce procès est celui d'une loi "mal faite et incapable de résoudre les problèmes de la fin de vie", a insisté dans un communiqué l'Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD). A l'inverse, Alliance Vita, proche de la Manif pour tous, a prévenu qu'une "vaste mobilisation" aurait lieu si la loi Leonetti venait à être bouleversée.

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