Après un mois d'audience le procès de l'affaire Bettencourt pour "abus de faiblesse" a été mis en délibéré au 28 mai, à 14 heures. Huit prévenus sont concernés par cette affaire : François-Marie Banier, Martin d'Orgeval et Patrice de Maistre pour abus de faiblesse et blanchiment ; Carlos Cassina Vejarano pour abus de faiblesse et abus de confiance ; Pascal Wilhelm et Alain Thurin pour abus de faiblesse ; Patrice Bonduelle et Jean-Michel Normand pour complicité d'abus de faiblesse ; Eric Woerth pour recel et Claire Thibout pour faux témoignage.
Le procès de l'affaire Bettencourt s'est ouvert lundi 26 janvier par un coup de théâtre : l'annonce de la tentative de suicide de l'ancien infirmier de Liliane Bettencourt, Alain Thurin. Alain Thurin, 64 ans, "aurait tenté d'attenter à ses jours" dimanche après-midi en se pendant dans un bois près de son domicile, dans l'Essonne, a annoncé peu après l'ouverture du procès le procureur adjoint Gérard Aldigé.
Dans un coma profond, il avait laissé une lettre d'explication dans laquelle il assure ne plus avoir la force d'affronter son procès. "Être confronté à tous ces ténors du barreau serait très difficile, surtout sans preuve", a-t-il écrit.
L'audience du premier procès de "l'affaire Bettencourt" a repris
mardi 27 janvier après le rejet de la Question prioritaire de constitutionnalité (QPC) déposée par deux avocats de
la défense.
Le président du tribunal, Denis Roucou, a estimé que la question soulevée
par les défenseurs du photographe François-Marie Banier et de Patrice Maistre,
ancien confident de Liliane Bettencourt, "ne revêt pas un
caractère sérieux" et que, par conséquent, "il n'y a pas lieu de
transmettre à la cour de cassation".
Cette QPC tournait autour de la possibilité ou non d'être poursuivi
à la fois pour un fait principal (ici "l'abus de faiblesse") et son
"blanchiment", comme le sont les deux hommes.
La fille de Liliane Bettencourt a attaqué durement François-Marie Banier. "Quand mon père est mort j'ai appris que Banier voulait se faire adopter par ma mère. Je me suis dit : 'Cet homme est capable de tout' alors j'ai porté plainte." À chaque fois qu'elle parle du photographe, une colère sourde se fait sentir. Selon elle, François-Marie Banier est un "escroc" qui "a brisé une famille pour régner".
"Je ne reconnaissais plus ma mère (...) C'était le bal des
malveillants. De Maistre et
compagnie. Je voulais que tout ça s'arrête", dit-elle du bout
des lèvres, comme pour montrer qu'elle ne goûtait guère à tout ce déballage.
Au tout début du procès, l'ancienne comptable de la milliardaire, dépressive, s'était faite porter pâle, en faisant parvenir au tribunal un certificat médical. Son absence avait scandalisé les avocats de la défense, qui avaient réclamé une contre-expertise. Claire Thibout a finalement témoigné en visioconférence.
Pendant des années "au service de Madame (Liliane Bettencourt, ndlr)" comme comptable, de 1995 à 2008, elle a pu observer de près ceux qui ont pu profiter de la milliardaire. C'est elle notamment qui a toujours assuré que Patrice de Maistre, l'ancien homme de confiance de Liliane Bettencourt, lui avait réclamé 50.000 euros en espèces pour les remettre à Eric Woerth, l'ancien trésorier de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007. Ce que les deux hommes ont toujours nié.
"On m'a traité de mythomane, de voleuse. On a tout fait pour me discréditer mais je me souviens de ce jour comme si c'était hier", a-t-elle martelé. Ce jour ? Le 19 janvier 2007. Patrice De Maistre, alors gestionnaire de fortune de l’héritière de L'Oréal, demande à Claire Thibout de retirer 50.000 euros pour Eric Woerth. "Patrice m'a dit aussi 'ça sert d'avoir des comptes à l'étranger', donc je savais qu'il allait piocher le reste ailleurs", a-t-elle déclaré.
"Je sais ce que
j'ai fait, je sais ce que je n'ai pas fait. Je n'ai pas reçu d'argent
liquide de Monsieur de Maistre pour financer cette campagne ou quoi ce soit
d'autre, lors de ces rendez-vous (de janvier et février 2007) ou de tout autre
rendez-vous", a répété Eric Woerth durant son audition.
Il a
expliqué que ses rencontres début 2007 avec Patrick de Maistre, membre du 1er
cercle de donateurs de l'UMP, visait notamment à discuter de
donateurs potentiels et du réseau de Patrick de Maistre. "Nous avons cherché des dizaines de
milliers de chèques de financement licite, ce n'était
pas pour courir dans je ne sais quel café recevoir je ne sais quel argent occulte", a-t-il ajouté.
Le 16 février, les experts médicaux se sont prononcés sur l'état de santé de l'héritière de L'Oréal. Selon eux, Liliane Bettencourt était, en 2011, fortement
handicapée par sa surdité et incapable de répondre à des questions simples telles
que son âge ou son programme de la journée.
Les experts - deux neurologues, un médecin ORL, un psychologue, placés
sous la direction de Sophie Gromb, medécin légal - s'étaient rendus le
7 juin 2011 au domicile de la milliardaire, alors âgée de 88 ans, à la
demande du juge d'instruction Jean-Michel Gentil.
Le 20 février, le procureur a durement chargé François-Marie Barnier. Il est précis et
mordant lorsqu'il décrit un manipulateur avide. Il a "tissé sa toile
lentement. Liliane Bettencourt a été prise au piège, comme un
poisson dans un filet", a-t-il expliqué.
Le procureur Gérard
Aldigé a requis trois ans de prison et 375.000 euros d'amende contre François-Marie Banier. Une peine de trois ans
de prison, dont 18 mois avec sursis, et 375.000 euros d'amende a été requise à
l'encontre de l'ex-gestionnaire de la femme la plus riche de France, Patrice de
Maistre. La même peine a a été requise pour Martin d'Orgeval, le compagnon de
François-Marie Banier.
Deux ans de prison et 375.000 euros ont été requis contre Carlos Cassina
Vejarano, l'ancien gestionnaire de l'île seychelloise de
Liliane Bettencourt, et un an avec sursis et 50.000 euros d'amende contre
Jean-Michel Normand, l'un des notaires.
Le procureur a requis la relaxe pour l'ancien ministre Éric Woerth, que son avocat considère comme "l'intrus et l'anomalie" de ce procès, dont le seul nom, avec celui de l'ex-président Nicolas Sarkozy, a fait basculer un "dossier banal d'abus de faiblesse en "affaire d'État".
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