C'est aux alentours de 8 heures, ce mercredi 8 juin, que Philippe Barbarin s'est présenté dans les locaux de la Brigade départementale de protection de la famille pour une audition libre, c'est-à-dire sans placement en garde à vue, dans le cadre de deux enquêtes préliminaires. Le procureur de la République doit décider à l'issue de ces enquêtes s'il y donne suite ou s'il classe simplement l'affaire. Deux options sont envisageables en cas de suite : le renvoi direct devant un tribunal ou la saisie d'un juge d'instruction.
Alors que des affaires similaires voient le jour dans de nombreux pays, le pape François a émis il y a quelques jours un décret prévoyant une possibilité de révocation pour les évêques qui se rendraient coupables de "négligence dans l'exercice de leurs fonctions" par rapport à des "cas d'abus sexuels commis sur des mineurs". Dans ce contexte, la convocation du cardinal Barbarin prend une dimension particulière.
Mis en cause pour des faits
de "non-dénonciation" d'agressions sexuelles sur mineurs et de mise en
danger de la vie d'autrui", il doit s'expliquer en particulier sur le cas du père Bernard Preynat, mis en examen fin janvier
pour des agressions sexuelles commises sur de jeunes scouts entre 1986
et 1991. Mais cette affaire qui vise l'une des personnalités
les plus influentes de l'Eglise de France est complexe: les faits sont
anciens et le cardinal Barbarin, qui assure n'avoir "jamais couvert le
moindre acte de pédophilie", n'est arrivé
dans le diocèse de Lyon qu'en 2002. Soit onze ans après le dernier fait
retenu par la justice contre le "père Bernard".
Depuis quand l'archevêque était-il au courant ? De quoi a-t-il été informé et par qui ? Pourquoi avoir laissé ce prêtre exercer dans une paroisse au contact d'enfants jusqu'en août 2015 ? Sans dénoncer les faits à la justice ? Les réponses publiques du diocèse ont varié: évoquant d'abord un premier contact avec une victime en 2014, le cardinal a ensuite précisé avoir entendu parler de l'affaire, via un tiers, dès 2007-2008. Une date qui peut avoir de l'importance, la prescription en matière de non-dénonciation étant de trois ans.
Lors d'une réunion du clergé lyonnais, le 25 avril,
le cardinal a reconnu "des erreurs dans la gestion et la nomination de certains prêtres". Il a également demandé pardon aux victimes. Le pape
lui a enfin apporté un soutien sans équivoque. Mais pour les victimes regroupées au sein de
l'association La Parole Libérée, l'archevêque a bel et bien voulu
étouffer les agissements de Bernard Preynat, en faisant perdurer
"l'omerta" qui prévalait depuis les années 70. Au moins six
d'entre elles ont porté plainte.
Une seconde enquête préliminaire pour
"non-dénonciation" a par ailleurs été ordonnée après celle d'un
haut-fonctionnaire du ministère de l'Intérieur affirmant avoir été
victime d'agressions sexuelles, à 16 et 19 ans, de la part d'un autre
prêtre lyonnais dans les années 1990.
C'est le diocèse, en octobre, qui avait révélé l'enquête en cours sur le père Preynat. Mais les langues se déliant et d'autres affaires ayant refait surface, le scandale a depuis éclaboussé toute l'Eglise. La dernière assemblée des évêques, à la mi-mars à Lourdes, a été largement consacrée aux questions de pédophilie et tout un arsenal de mesures a été annoncé depuis. D'autres membres du diocèse de Lyon visés par les plaintes ont été entendus dans ce dossier et au moins deux perquisitions ont eu lieu à l'archevêché.
Le cardinal Barbarin avait déjà été entendu
comme témoin dans d'autres affaires, mais
c'est la première fois qu'il répond d'accusations de non-dénonciation.Vendredi, la cour d'appel de Lyon doit se prononcer
sur la prescription des faits reprochés au père Preynat. Si elle les
déclarait prescrits, la défense de Monseigneur Barbarin estime qu'il ne serait
plus possible de poursuivre le cardinal, mais
les avis juridiques divergent. Un seul évêque français à ce jour a été condamné pour non-dénonciation, Monseigneur Pican en 2001, à trois mois de prison avec sursis.
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