Le gouvernement souhaitait un "oui", il l'a obtenu. Mais à quel prix ? Avec 55,17% des voix lors de la consultation locale qui s'est tenue dimanche 26 juin, les habitants de Loire-Atlantique ont approuvé la construction de l'aéroport controversé de Notre-Dame-des-Landes. Vieux de près de 40 ans et déclaré d'utilité publique en 2008, ce projet n'a sans doute jamais été aussi proche de voir le jour. "Le gouvernement fera appliquer le verdict des urnes", a ainsi déclaré le premier ministre Manuel Valls. Mais le dossier est loin d'être clos et risque bien de continuer à amener son lot de polémiques d'ici la fin du quinquennat, au moins.
Fort logiquement, il va donc falloir que l'aéroport se construise. Mais comme l'avait précédemment indiqué François Hollande, en évoquant le mois d'octobre, les travaux ne vont pas commencer dans l'immédiat. En réaction au vote, Manuel Valls a fait savoir que "les travaux préparatoires" devraient débuter "dès l'automne prochain".
Mais avant de pouvoir poser les premières pierres, l'État va devoir s'occuper de l'évacuation du site de construction. "Les personnes qui occupent illégalement le site du nouvel aéroport devront partir d'ici le début des travaux", a prévenu Manuel Valls, qui compte bien faire appliquer "l'autorité de l'État et les lois de la République". La tâche s'annonce cependant très compliquée. En 2012, Jean-Marc Ayrault avait dû renoncer à faire évacuer cette "zad" à cause d'affrontements entre les opposants et les forces de l'ordre. Et preuve que la mobilisation est toujours aussi importante, plusieurs dizaines de milliers de personnes s'étaient réunies sur le site en février dernier pour manifester.
Malgré le vote, qu'ils considèrent comme "fondamentalement biaisé", les opposants n'ont d'ailleurs pas prévu de lâcher du lest. "Il ne s'agissait pour nous que d'une étape dans la longue lutte pour un avenir sans aéroport à Notre-Dame-des-Landes. Cette lutte se poursuit dès ce soir", disaient-ils juste après l'annonce des résultats. Ils ont ainsi appelé "tous les soutiens partout en France à se mobiliser et redoubler de vigilance dans les semaines à venir".
Le conflit n'est donc vraisemblablement pas prêt de se tasser entre les deux camps. Le gouvernement est donc contraint d'agir avec prudence pour l'évacuation du site, décrite comme une "zone de non-droit" par Bruno Retailleau, le président LR de la région. "Je crois que les discussions entre le Premier ministre et le ministre de l'Intérieur ont commencé pour savoir comment ils allaient procéder", a fait savoir sur RTL Ségolène Royal, ministre de l'Environnement, tout en soulignant le fait qu'il était indispensable de mener l'opération avec "beaucoup de maîtrise" pour éviter les débordements voire même le pire, comme ce fut le cas en 2014 avec la mort de Rémi Fraisse lors d'une manifestation contre le barrage de Sivens.
Outre la colère des opposants, la pression politique perdure également. "C'est une bataille perdue pour l'écologie. [...] Est-ce que c'est un projet bon pour l'écologie et bon pour le développement local ? Je pense que non", a déclaré Cécile Duflot, députée EELV et ancienne ministre du Logement, sur France Inter. Quant au Parti de gauche, il "continue à rejeter ce projet 'climaticide' et poursuivre la lutte contre sa réalisation". À moins d'un an de la présidentielle, le gouvernement doit donc assumer un projet source de conflits et de désaccords irrémédiables.
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