"Marée du siècle" : le Mont-Saint-Michel et Saint-Malo submergés de touristes
La dernière avait eu lieu en 1997, la prochaine aura lieu en 2033. De quoi attirer la foule sur "la Merveille", redevenue une île pour l'occasion.
"La marée du siècle", phénomène naturel qui a lieu une fois tous les vingt ans environ, a attiré ce samedi 21 mars des dizaines de milliers de personnes sur la façade ouest de la France, notamment au Mont-Saint-Michel et Saint-Malo.
Au Mont-Saint-Michel, des touristes, venus de tous les coins de France, mais aussi de nombreux étrangers se sont élancés même avant l'aube sur la passerelle qui mène à la "Merveille", classée au patrimoine mondial par l'Unesco. Le Mont, redevenu une une île le matin lors de la pleine mer, le sera à nouveau en soirée à 20h, avec un coefficient de marée de 119, soit le plus haut jamais constaté, selon le SHOM, l'établissement national français expert en hydro-océanographie.
Le spectacle de la pleine mer a déjà attiré quelque 10.000 personnes vendredi soir et la commune s'attend à une affluence record samedi soir.
Plus forte marée du siècle
La dernière "marée du siècle" s'était produite le 10 mars 1997 et la prochaine aura lieu le 3 mars 2033. Celle de samedi est donc bien pour l'heure la plus forte marée du XXIe siècle. Ces fortes marées interviennent alors que plusieurs facteurs astronomiques sont en conjonction parfaite: alignement des astres, distance les plus courtes sur les orbites...
Une éclipse solaire était d'ailleurs visible en Europe vendredi. Les marées résultent de l'attraction de la Lune et du Soleil sur les mers et les océans. Avec la marée du siècle, qui se produit en réalité tous les 18 ans environ, le marnage (écart maximal entre la basse et la pleine mer) tutoie les 14 mètres, soit plus qu'un immeuble de quatre étages.
Le "sillon" envahi
Dans la ville historique de Saint-Malo, quelque 20.000 personnes, selon la préfecture, ont envahi la corniche, le "sillon", dès le lever du jour, pour assister à la grande marée du matin. Massées sur le trottoir et la chaussée, équipées de bottes, de cirés, de bonnets, elles ont immortalisé avec leur appareils photos les panaches d'écume s'élevant au-dessus de la digue avant de les doucher.
"On aime beaucoup la Bretagne. C'est la troisième fois que nous venons et on a trouvé une excuse pour revenir. (...)", explique un couple d'Italiens, Francesca et Gianni, qui a fait "1.400 kilomètres" pour passer une semaine de vacances en Bretagne.
A marée basse, la mer va se retirer à perte de vue, les pêcheurs à pied en profitant pour envahir l'estran, munis de pelles et de râteaux, et ramasser coques, couteaux et autres palourdes...
Appels à la prudence
Les autorités locales ont multiplié ces derniers jours les appels à la prudence en direction des pêcheurs qui pourraient se retrouver piégés par la marée, en particulier dans la baie du Mont Saint-Michel, où selon le dicton, elle remonte "à la vitesse d'un cheval au galop". La météo s'annonçant plutôt clémente, les inondations devraient être rares et de faible ampleur et les communes littorales n'ont pris que de simples mesures de précaution.
Le marnage maximal observé dans le monde se produira dans la baie de Fundy, au Canada, où il devrait atteindre jusqu'à 16 mètres. Le phénomène sera également très visible sur la côte est de la Terre de feu, ainsi que sur la côte nord de l'Australie et au Royaume-Uni, dans le canal de Bristol (plus de 14 m).
