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"Langues et cultures d'origine" à l'école : des voix s'élèvent pour demander leur suppression

REPLAY - S'appuyant sur un rapport du Haut Conseil à l'Intégration, de nombreux élus réclament la suppression des cours de "langues et cultures d'origine". Ils dénoncent même un "catéchisme islamique".

Des voix s'élèvent pour demander la suppression des "langues et cultures d'origine" à l'école
Crédit : AFP / Archives, Olivier Laban-Mattei
"Langues et cultures d'origine" à l'école : des voix s'élèvent pour demander leur suppression
00:03:39
Sina Mir & Loïc Farge
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RTL a pu se procurer le rapport du Haut Conseil à l'Intégration remis à Matignon, qui s'inquiète de potentielles dérives communautaristes des enseignements de langue et de culture d'origine (ELCO). On parle essentiellement de cours d'arabe et de turc dispensés chaque semaine en primaire pour les élèves français dont c'est la langue d'origine. Les conclusions des rapporteurs sont alarmants : ils évoquent des classes qui virent au "catéchisme islamique" et un dispositif "susceptible de renforcer le communautarisme".

Certains députés, comme l'UMP Bruno Le Maire ou ceux du Front national, se sont emparés de ce dossier. Ils demandent aujourd'hui la suppression de ces enseignements.

Près de 90.000 élèves français concernés

C'est l'Éducation nationale qui organise ces cours, en partenariat avec les ambassades des pays d'origine concernés. L'ambassade d'Algérie ou celle de Tunisie en France, par exemple, forment et payent des professeurs de langue arabe qui vont faire cours dans ces classes. Près de 90.000 élèves français sont concernés.

Houda a deux filles scolarisées à Massy, dans l'Essonne. Cette Franco-Tunisienne a tenu à ce qu'elles apprennent toutes les deux l'arabe en primaire en plus du français et de l'anglais. "Déjà, c'est une langue en plus donc linguistiquement, elles auront encore une langue supplémentaire qu'elles vont pouvoir utiliser au cours de leur vie", explique-t-elle.

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"Si j'avais eu envie de les inscrire à la mosquée, je l'aurais fait et elles auraient suivi des cours coraniques. Mais ce n'est pas mon souhait. Mon souhait, aujourd'hui, c'est qu'elles apprennent la langue arabe pour qu'elles n'oublient pas leur origine, d'où elles viennent, et leur culture", poursuit-elle.

Contrôles insuffisants

Le problème, pour les rapporteurs comme pour les députés opposés à cette classe, c'est la qualité inégale de l'enseignement dispensé, et surtout le contenu de certaines leçons. Faute de contrôles suffisants, tout dépend de l'intervenant et de l'ambassade du pays concerné. Pas facile quand celui-ci promeut, par exemple, la religion dans ces programmes.

Ainsi, le chapitre V du Guide de l'Enseignant, édité en 2010 par le ministère de l'Éducation turc, est aujourd'hui utilisé en France dans certains cours de langues d'origines. Il s'intitule "foi, islam et morale", et demande entre autres aux professeurs agréés par l'ambassade de Turquie d'insister sur "l'importance de croire en Dieu et sur la nécessaire acquisition d'une bonne connaissance de la vie du prophète ".

C'est un des problèmes pointés par le rapport : le non-respect de la laïcité. De l'aveu de certains directeurs d'école que RTL a contactés, il n'est pas rare non plus de voir des jeunes femmes voilées venir enseigner l'arabe sur ces créneaux horaires. Ces cours ont en plus généralement lieu le samedi matin, parfois dans une salle municipale car l'école est fermée. Difficile d'imaginer dans ces conditions une inspection académique suffisante.

Quelle alternative ?

Sachant que ce programme répond à une directive européenne qui date des années 70, par quoi remplacer ces enseignements ? C'est toute la question. Le but de ces leçons, à la base, est de permettre à ces élèves de garder un lien avec leur culture d'origine. C'est pour cela aussi que Mohand a voulu y inscrire ses enfants. Sauf que chez lui, à Villejuif, la mairie n'a pas ouvert de salle pour ces cours de langues, après pourtant avoir proposé les inscriptions aux parents.

"La seule alternative pour certains parents, ça a été de se rapprocher des mosquées de proximité pour inscrire leurs enfants", affirme-t-il. "Aller dans une mosquée, avec tout ce qui se passe et avec l'actualité, on peut aussi se poser des questions, tout simplement. Donc, pour moi, le meilleur lieu et le meilleur gage pour nos citoyens et pour tous, c'est que ça se fasse dans l'école de la République".

Aller dans une mosquée, avec tout ce qui se passe et avec l'actualité, on peut aussi se poser des questions

Mohand, habitant de Villejuif

C'est ce que répond notamment Najat Vallaud-Belkacem aux députés qui l'ont interpellée cette semaine à l'Assemblée. La ministre reconnaît que ces enseignements de langues doivent certes être professionnalisés. Elle milite surtout pour qu'ils soient étendus à tous les élèves, non plus seulement en fonction de leur origine.

Elle va même jusqu'à proposer qu'ils soient intégrés au temps scolaire comme n'importe quelle option, ce qui permettrait par exemple, comme pour l'anglais en primaire, aux professeurs titulaires d'assister à ces classes pour éviter les dérives.

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