La liberté d'expression a-t-elle des limites ? Peut-on se moquer des religions ?

Interrogé lors d'une conférence de presse sur la liberté d'expression des caricaturistes contre les religions, le pape François a répondu : "Chacun a non seulement la liberté, le droit, mais aussi l'obligation de dire ce qu'il pense pour aider au bien commun (…), mais on ne peut pas insulter la foi des autres, ni la tourner en dérision".

En France, la liberté d'expression est inscrite dans la Constitution, mais elle est encadrée par de nombreuses limites, comme les injures, la diffamation, la provocation, l'appel au meurtre et l'apologie du terrorisme. C'est ensuite aux tribunaux qu'appartient le soin de juger quand ces limites sont franchies.

En revanche, le délit de blasphème n'existe pas en droit français. Les caricatures ne sont donc quasiment jamais sanctionnées, à partir du moment où elles visent les religions en général, et non pas un individu en particulier.

Jusqu'où va la liberté d'expression, en particulier face à la religion ?

Basile Ader, avocat spécialiste du droit de la presse et de la liberté d'expression, reprend la définition de Mirabeau inscrite dans l'article 11 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen : "La liberté d'expression est le bien le plus précieux de l'Homme". Il donne donc tort au Pape François.

Le pape François a tort de dire que la liberté d'expression ne donne pas le droit d'insulter la foi d'autrui. Dans un État laïc, ce n'est pas la règle.

Basile Ader, avocat spécialiste du droit de la presse et de la liberté d'expression

Pour sa part, Abdallah Zekri, président de l'Observatoire contre l'islamophobie du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) rejoint l'avis du pape François. Selon lui, il faut arrêter de "taper" sur toutes les religions, et pas seulement musulmanes, pour éviter les tensions qui se créent entre les communautés.

Quand j'ai vu des caricatures du pape Jean-Paul II dans Charlie Hebdo, j'ai été choqué en tant que Musulman, et je suis même sûr que beaucoup de Français l'ont aussi été.

Abdallah Zekri, président de l'Observatoire contre l'islamophobie du CFCM