"La laïcité n'est pas une somme d'interdits", selon le porte-parole de la conférence des évêques de France
REPLAY / INVITÉ RTL - Olivier Ribadeau Dumas, le porte-parole de la conférence des évêques de France approuve les propos du pape François, qui estime que "la France exagère sa laïcité".
"La France exagère sa laïcité : si une femme musulmane veut porter le voile, elle doit pouvoir le faire. De même, si un catholique veut porter une croix." Des mots prononcés par le pape François lundi 16 mai dans une interview au journal La Croix. Une position confortée ce matin par Olivier Ribadeau Dumas, le porte-parole de la conférence des évêques de France, au micro d'Yves Calvi : "Le Pape répète ce que les évêques de France ont l'occasion de dire fréquemment (…) la société doit permettre à chacun de s'exprimer."
Il en a aussi profité pour remettre en question, la possible extension, de l'interdiction du voile, à l'université. "Jusqu'où allons-nous ?" s'est-il interrogé, avant de poursuivre, "Est-ce qu'il n'y a pas là, fondamentalement, une peur de l'autre? Une peur de la différence qui nous empêche de vivre ensemble."
"L'État est laïque, (…) la société en elle-même ne l'est pas"
Olivier Ribadeau Dumas
Pour le prêtre catholique, une vision ferme de la laïcité serait contre-productive et n'irait pas dans le sens du vivre ensemble : "La laïcité n'est pas une somme d'interdits, mais une invitation pour les uns et les autres de se connaître, de se rencontrer, de parler ensemble. Il y a des peurs (…) mais lorsque des catholiques, ou des Français ont l'occasion de rencontrer leurs voisins, de découvrir leur mode de vie (…) alors je pense que ces peurs s'estompent." Les religions auraient un rôle positif à jouer en ce sens pour le porte-parole : "La responsabilité des catholiques dans ce pays, me semble-t-il, est de permettre que tous puissent vivre et dialoguer."
Un "dialogue" qui a tout de même ses limites
Sur la question du voile intégral, Olivier Ribadeau Dumas a exprimé une ferme opposition : "Clairement non, non au voile intégral." Il constitue plus pour lui, "une instrumentalisation de la religion, qui ne permet, pas pour des raisons d'ordre public, de reconnaître les gens." Or, toujours d'après le prêtre : " Notre société est faite de relation et lorsqu'on ne peut plus entrer en relation avec quelqu'un, parce qu'on ne sait pas qui on a devant soi, alors je pense que ce n'est vivable."
La laïcité serait donc bien à repenser pour le prêtre : "Nous avons à permettre aux uns et aux autres de vivre ensemble (...) il y a des défis qui se présentent à nous, ça c'est évident. Mais on ne les résoudra pas en faisant comme s'ils n'existaient pas." En bref, l'Église française marque un soutien clair aux propos du pape François, confirmé en fin d'interview : "Le pape est un homme libre et quand il a envie de dire quelque chose, il le dit sans peur."
