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La France arrête de fermer ses usines

ÉDITO - La bonne politique industrielle, c'est un art d'exécution. Cela ressemble non seulement à la chasse, mais au jardinage.

François Lenglet
Crédit : Damien Rigondeaud
La France arrête de fermer ses usines
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François Lenglet & Loïc Farge
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Le sauvetage de l'usine Alstom de Belfort suscite des critiques généralisées. Cela ne signifie pas pour autant qu'on ne peut plus faire de politique industrielle en France. Il y a eu des sauvetages très réussis. Celui de Peugeot, par exemple (c'était Arnaud Montebourg qui était à la manœuvre) : l'État a pris 14% du capital il y a deux ans et demi. L'entreprise est aujourd'hui renaissante et l'État, quand il revendra sa participation, fera probablement un bénéfice. Le sauvetage d'Alstom, en 2004 par Nicolas Sarkozy, est assez similaire. Barack Obama, aux États-Unis, a réalisé une opération identique quand il avait nationalisé General Motors en pleine crise économique. Depuis, le constructeur automobile a connu un incroyable rebond.

Il existe une différence fondamentale avec le sauvetage d'Alstom aujourd'hui : Peugeot en France ou General Motors aux États-Unis sont sauvés par l'État, non pas pour éviter les restructurations sociales et industrielles, mais pour les mettre en oeuvre. Outre-Atlantique, l'État fédéral a fermé des usines et d'innombrables concessions pour restaurer la profitabilité. Chez PSA, c'est l'usine d'Aulnay-sous-Bois qui a payé le prix fort. Cela a été douloureux, mais les résultats sont là. Pour Belfort, l'objectif est rigoureusement inverse : il s'agit d'éviter les suppressions d'emplois qui auraient pu gêner l'éventuelle campagne électorale de François Hollande. C'est la raison politique qui vient martyriser le bon sens.

La commande publique garantie, c'est l'assurance d'avoir des Trabant plutôt que des Volkswagen

François Lenglet

Il y a des outils plus efficaces que d'autres en matière de politique industrielle. Le pire d'entre eux, c'est la commande publique garantie (le fait que l'État s'engage à acheter la production de telle entreprise pour la soutenir et maintenir ses emplois). Cela débouche sur un système "à la soviétique", où les besoins du client sont peu à peu perdus de vue. Ce système est l'assurance d'avoir des Trabant plutôt que des Volkswagen. Le pire du pire, c'est la commande publique garantie de produits dont on n'a pas besoin, comme pour Alstom aujourd'hui.

Il y a aussi la nationalisation totale ou partielle. Elle est parfois nécessaire mais, on l'a vu, elle ne doit pas proscrire les restructurations. Toutefois, la meilleure façon de soutenir l'industrie c'est d'intervenir en amont et de faire ce que l'économiste Élie Cohen appelle "le jardinier de l'industrie". Il faut organiser une subtile interaction entre le soin qu'on apporte à ses plantes et l'action de la nature elle-même.

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Il s'agit, pour l'essentiel, de travailler le terrain. Par exemple avec la recherche fondamentale, dont une partie est du ressort de l'État. Par exemple avec la formation des ressources humaines ou la mise en place d'une fiscalité compétitive, de règles simplifiées. Tout cela pour permettre l'éclosion de belles plantes. Le paradoxe, c'est que l'actuel gouvernement a fait un peu cela avec ses baisses de charges et ses aides fiscales à l'investissement.

On commence à en voir les fruits. Pour la première fois depuis 2009, le nombre d'usines en France n'a pas diminué l'année dernière, les installations compensant les destructions. C'est une bonne nouvelle. Il est d'autant plus regrettable de gâcher ce bilan honorable avec une opérations de Pieds Nickelés chez Alstom.

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