La Deutsche Bank inquiète les bourses et les responsables européens depuis plusieurs jours. Ils redoutent qu'elle ne puisse pas faire face à ses échéances financières, alors qu'elle joue un rôle clé dans le système bancaire européen. Ce qui a mis le feu aux poudres, c'est une gigantesque amende infligée à la banque par le gouvernement américain à cause de son rôle dans la crise des subprimes il y a dix ans (potentiellement plusieurs milliards d'euros). La somme a été en partie provisionnée, mais on a réalisé à ce moment-là que l'établissement n'était pas si solide. Son cours de bourse est à un plus bas depuis trente-trois ans. La presse parle même d'une nationalisation de Deutsche Bank, par le gouvernement fédéral, même si celui-ci a depuis démenti, tout comme la direction de l'entreprise.
La banque, c'est le point de faiblesse de l'économie allemande, alors que l'industrie est son point de force. D'autant que Deutsche Bank voulait devenir l'une des premières banques du monde, elle a pris des risques à l'international. Alors que son marché national n'est pas très rentable, il est très fragmenté. Il y a aujourd'hui près de 1.500 banques différentes en Allemagne, avec des toutes petites, parfois des caisses d'épargne municipales, c'est vous dire.
La banque, c'est le point de faiblesse de l'économie allemande, alors que l'industrie est son point de force
François Lenglet
Y a-t-il un risque que ces difficultés s'étendent aux banques françaises ? On n'en est pas là du tout. Mais le problème du système financier, c'est l'interdépendance de toutes les banques. Si l'une arrêtait de payer, elle mettrait en difficulté toutes les autres, qui se trouveraient elles aussi dans l'impossibilité de payer. C'est ce qui a causé la crise de 2008, avec la faillite de Lehman Brothers. Imaginez une chaîne dont les maillons seraient en acier, sauf l'un maillon qui serait en carton. Cette chaîne ne serait pas très résistante, même si elle est en métal pour sa quasi-totalité. Un système financier - c'est pareil - est aussi solide que le plus fragile de ses maillons, exactement comme une chaîne. Et le véritable maillon faible européen, ce n'est pas l'Allemagne, c'est l'Italie.
Car là bas, la situation des banques est grave. À cause de la crise économique, bon nombre d'entreprises n'ont pas remboursé leurs crédits bancaires, le bilan des banques est désastreux. Il y a plusieurs centaines de milliards d'euros de crédit pourris en Italie. Il y a déjà eu des faillites de petites banques, et ça n'est pas probablement pas fini.
Que faire quand une banque est en faillite ? La seule chose à faire, c'est de nationaliser l'établissement, pour rassurer justement toutes ses contreparties. C'est ce que nombre de pays ont fait il y a dix ans, au moment de la crise des subprimes. Le seul problème, c'est que les règles européennes interdisent désormais une telle opération, à la demande express de l'Allemagne, qui estime que l'argent des contribuables ne doit pas servir à payer pour les erreurs du privé. Noble principe, mais complètement inapplicable, puisque si l'on protège le contribuable, c'est sur les comptes des épargnants qu'il faudra prendre l'argent avec tous les risques de panique bancaire qui en découleraient. Si la crise de Deutsche Bank se poursuit, l'Allemagne va bien se rendre compte que l'intervention de l'État est malheureusement la seule solution.
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