Pour éviter le prosélytisme religieux radical et favoriser la prise en charge des personnes radicalisées, le gouvernement souhaite regrouper les détenus islamistes dans des quartiers spécialisés au sein des prisons. Une telle expérience a déjà été menée à Fresnes.
Mais dans un rapport paru mardi 30 juin, la contrôleure des prisons Adeline Hazan se dit défavorable à une telle mesure. Elle, qui s'est rendue dans plusieurs quartiers réservés en début d'année, estime que regrouper les détenus islamistes présente des risques d'arbitraire, de non respect des droits fondamentaux. "Les difficultés d'identification des personnes visées ne sont pas résolues", écrit Adeline Hazan selon qui "la grille d'évaluation de la 'dangerosité' n'est plus adaptée à l'évolution du phénomène".
Elle souligne aussi une possible sur-radicalisation au sein même de ces unités, les détenus les plus faibles se pliant aux diktats des plus durs. L'avocat Martin Pradel partage ces craintes. Il a vu plusieurs de ses clients, incarcérés pour terrorisme, se radicaliser encore un peu plus lors de leur passage dans ces quartiers.
Il raconte : "J'ai en mémoire un très jeune. On l'a mis au contact de prédicateurs dans ces cellules de la maison d'arrêt de Fresnes. Et donc ce jeune qui ne portait pas la barbe lorsqu'il y est entré, il est peut-être plus radicalisé encore aujourd'hui après plusieurs mois de détention provisoire qu'il l'était au moment où il est entré."
De plus, "depuis 2014", les comportements des islamistes en prison ont changé, souligne le rapport, selon lequel "une consigne de dissimulation semble avoir été donnée pour cesser d'arborer des signes ostensibles de fondamentalisme".
L'expérience de Fresnes "ne démontre pas que cette pratique nouvelle ait eu un effet apaisant sur le reste de la détention. À l'inverse, les personnes regroupées ont pour la plupart confié leur crainte d'être étiquetées durablement islamistes radicaux, et de ne pouvoir se défaire de l'emprise de leurs codétenus", explique la contrôleure.
Alors, plutôt qu'un regroupement, plusieurs intervenants du rapport prônent une "dispersion", une option déjà retenue en Grande-Bretagne ou en Belgique.
Parmi les autres critiques, Adeline Hazan regrette l'absence de "formation particulière" des personnels affectés à ces unités, le manque "d'informations sur les modalités d'encadrement" et "les conditions de détention" qui "laissent craindre "un éventuel glissement vers un isolement de facto de ces personnes.
L'avis d'Adeline Hazan n'a qu'une valeur de recommandation. Dans une longue lettre en réponse, la Chancellerie qui prévoit d'étendre ce dispositif, se dit "ouverte à toute proposition" pour l'améliorer.
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