Le 8 janvier 1996 disparaissait François Mitterrand. Le quatrième président de la Vème République était un homme cultivé, aussi imposant que surprenant. 20 ans après sa mort, peut-on le considérer comme un grand homme ?
"Pour moi, Mitterrand était un homme d’État et pas un grand homme", distingue Alain Duhamel. "Un grand homme marque l’histoire, un homme d’État marque la politique", poursuit-il, en prenant l'exemple de Charles de Gaulle. "Le Général de Gaulle était un grand homme, car il a relevé deux fois la France et a inventé un régime". De son côté, Mitterrand aura joué "un rôle politique considérable", d'autant qu'il possédait selon lui une caractéristique rare : "La stature de sa fonction. Il avait l’envergure nécessaire, et une très forte personnalité", ajoute Alain Duhamel.
Mitterrand nourrissait une jalousie existentielle à l'égard du Général de Gaulle.
Georges-Marc Benamou, journaliste et biographe de François Mitterrand
Pour Georges-Marc Benamou, auteur de plusieurs biographies de l'ancien président, cette différence fondamentale a d'ailleurs nourri une "jalousie existentielle" dans l'esprit de Mitterrand à l'égard de De Gaulle. "Je n’ai pas eu mon 18 juin, je n’ai pas eu mon Pont d’Arcole. Je n’ai été qu’un président en temps de paix", ne cessait-il de répéter, rapporte le journaliste.
Une vision que partage largement Alain Duhamel. "Un jour, nous déjeunions avec lui et Jean-Pierre Elkabbach à la campagne. Je venais de publier un parallèle entre De Gaulle et Mitterrand dans Le Point. Mitterrand, extrêmement agréable d’habitude, a fini par faire venir son officier de sécurité, hachurant son exemplaire du Point et me disant : ‘Vous me comparez au Général de Gaulle, vous êtes complètement injuste', en soulevant les défauts de De Gaulle qui n’y figuraient pas. Il m’a fait une crise de jalousie pendant une heure”, raconte Alain Duhamel.
Imposant, charismatique, François Mitterrand est aussi décrit comme un homme machiavélique. Une caractéristique loin d'être un défaut selon Georges-Marc Benamou. “Le machiavélisme, c’est formidable. Si un Président n’est pas Machiavel, qu’est-il ?", interroge-t-il, comparant Mitterrand à un "grand érudit de la Renaissance, qui vivait dans la réflexion sur l'histoire". Réflexion qu'il a d'ailleurs appliquée de manière "élémentaire" durant toute sa carrière politique : "Je l’ai vu lancer la rumeur d’un Giscard Premier ministre en 1993 alors que c'était en fait Balladur qui avait été choisi. Tout cela pour faire descendre les actions de Balladur et que celui-ci s’inquiète, de façon à ce que Mitterrand obtienne ce qu’il voulait", décrit Georges-Marc Benamou.
Le stratège politique n'en était pas moins persuadé qu'il aurait “une postérité à la François 1er", selon le journaliste. "Il marque une rupture avec la France d’hier. Mitterrand, c’est la France d’hier, la “douce” France où il n’y a pas de jihadistes, la France où il y a la paix et dont on a la nostalgie”, poursuit-il.
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